Le Président du Conseil d’administration du Centre Financier aux Entrepreneurs(CFE), Radhi Meddeb, a déclaré, hier 25 janvier 2022 lors d’un webinaire organisé par l’Atuge, que « la dimension politique depuis la révolution affecte, de plus, la gestion de l’économie tunisienne et aggrave la situation ».
Radhi Meddeb a souligné que la Tunisie est devenue depuis des années un pays qui produit et exporte peu mais qui consomme et importe beaucoup. Il a rappelé qu’en 2010 et 2011, « on avait l’impression que la gestion macroéconomique du pays était saine mais dans la réalité, il y avait des insuffisances importantes ». Pour Radhi Meddeb, la Tunisie a beaucoup dépensé sans produire suffisamment de la richesse sur les dix dernières années.
Soubresaut politique derrière la crise
Il a expliqué que cette situation est due à la dimension politique essentiellement pendant les 12 années. « Depuis 2011, le politique a pris le dessus sur la gestion économique du pays. Les politiques ne cessent de dépenser l’argent qu’ils avaient et qu’ils n’avaient pas », a-t-il souligné.
Meddeb a ajouté que ces politiques « ont approfondi le déficit budgétaire. Ils ont augmenté considérablement l’endettement ». Il a, dans ce sens, indiqué qu’on ne s’est pas occupé de la dimension économique.
Selon son analyse, Meddeb n’a pas manqué de souligner que la Tunisie n’a pas engagé les réformes structurelles diverses et variées en économie dont elle avait besoin pour libérer les énergies disponibles dans le pays et permettre un niveau de croissance compatible avec les exigences de la population avant et après la révolution.
Les « Secteurs clés » approfondissent la crise économique
D’un autre coté, le président du Conseil d’administration du CFE a mis en relief l’impact de l’arrêt de fonctionnement d’un certain nombre de secteurs de l’économie tunisienne. En effet, « les secteurs clés » comme le secteur des hydrocarbures a connu « une diminution au niveau de sa production par rapport à 2010 ».
Radhi Meddeb a expliqué que ceci est causé, d’une part, par les troubles sociaux comme les manifestations, les sit-ins et les réclamations dans le secteur pétrolier mais, d’autre part, par l’article 13 de la constitution indiquant que les ressources naturelles sont la propriété du peuple tunisien. « Cet article bloque les investissements pétroliers », a-t-il dit.
De plus, il a souligné que la production de phosphates a connu une diminution. En effet, « en 2010, on a produit 8 millions de tonnes et on a estimé une production de 12 et à 15 millions tonnes en 2016 et 2020. Cependant, aujourd’hui, la production est d’environ 4 millions de tonnes ».
Pour Radhi Meddeb le redémarrage des secteurs productifs est prometteur
Radhi Meddeb a estimé que « la seule manière de s’en sortir est de trouver les modalités d’un redémarrage effectif de l’économie et des secteurs productifs traductionnels mais également les secteurs prometteurs qui sont les secteurs Technologies de l’information et de la communication ».
Il a proposé ainsi la mise en ouvre des actions structurelles pour empêcher la dégradation de la situation en critiquant le fait que le pays continue à importer des produits qui ne sont pas importants.
De plus, il a appelé à libérer l’énergie des jeunes en levant les obstacles pour dynamiser davantage l’économie en citant l’exemple de InstaDee qui n’a pu se développer qu’à l’étranger.
Par ailleurs, Meddeb a révélé que plusieurs secteurs en Tunisie comme l’éducation et la santé ouvrent des portes sur le marché Africain. Pour cela, il faut les exploiter convenablement.
Il a aussi souligné que le redressement des finances prend beaucoup d’années. C’est pourquoi, dit-il, « il faut de la vison, de la bonne gouvernance, de la clarté et de la persévérance ». Il a insisté sur l’importance de la confiance qui « peut avoir une contribution considérable pour la relance de l’économie ».
L’accord avec le FMI est une obligation
Concernant le dossier du Fonds Monétaire International( FMI), le Président du Conseil d’administration de (CFE) a indiqué que les finances publiques souffrent aujourd’hui d’un déficit budgétaire et de l’endettement. Il estime que la Tunisie n’a pas beaucoup de choix que d’accélérer l’accord avec FMI.
« L’accord avec le FMI nous permet non seulement de prendre l’argent, mais c’est la clé qui nous permettra de déverrouiller d’autres sources de financement bilatéraux au même multilatéraux assujettis à l’accord avec le FMI », a-t-il précisé. Meddeb a indiqué que parmi ces pays étrangers on trouve l’Arabie saoudite et les Etat-Unis.
Au final, Radhi Meddeb a insisté sur le fait que ce qui est important c’est que les autorités tunisiennes se rendent compte de la dégradation de la situation de la finance publique.