Dans le cadre du programme de son activité, l’ITCEQ vient de publier une nouvelle analyse. Elle s’intitule: « Le déficit commercial en Tunisie : Les déterminants structurels et cycliques ». Et elle est élaborée par Samiha Chaabani Zammali.
L’analyse présente un aperçu sur l’évolution et l’ampleur du déficit commercial par secteur d’activité. Elle examine des estimations économiques qui se basent sur des équations permettant de mesurer directement l’impact des différents déterminants sur le solde commercial de la Tunisie.
En effet, l’analyse a procédé à la décomposition du solde commercial en une composante structurelle et une composante cyclique. Et ce, pour déterminer sa nature et appréhender les origines du déficit commercial.
Déficits persistants
Il ressort de cette analyse que le solde excédentaire pour le secteur « Mines, phosphates et dérivés », n’a pas pu absorber les déficits persistants affichés par d’autres secteurs.
Pour le solde du secteur « Textiles, habillements et cuirs », la tendance à la baisse a joué un rôle moins important dans l’atténuation du déficit global.
L’analyse constate aussi que la détérioration du solde commercial est imputable en grande partie au secteur des énergies. Ce secteur se caractérise en effet, surtout durant ces dix dernières années, par un déséquilibre entre une demande en ascension et une offre en recul.
« Le secteur des « Industries mécaniques et électriques » continue toujours de peser massivement sur le solde global, note l’analyse.
Cependant, ce secteur présente des disparités internes. Vu que les industries électriques affichent, depuis 2007, un excédent. Tandis que les industries mécaniques et le matériel de transport représentent les principaux contributeurs à l’aggravation aiguë du déficit du secteur des industries mécaniques et électriques.
Restructuration des exportations
Sur le long terme, l’effet des termes de l’échange se révèle important sur le solde nominal structurel. Alors que la demande étrangère a contribué remarquablement dans le creusement du déficit commercial. La décomposition du solde cyclique durant cette dernière décennie montre qu’il dépend principalement du cycle des termes de l’échange.
Afin de mieux maîtriser le déficit commercial ayant principalement un caractère structurel, l’analyse recommande d’œuvrer en faveur d’une stratégie de restructuration des exportations.
Cette stratégie devrait être basée sur une compétitivité hors-prix. Laquelle engloberait l’innovation, le design, les délais de livraison, le branding du pays, etc. Elle devrait également s’orienter vers des produits moins standardisés et plus spécifiques sur le plan qualitatif. D’autant plus que l’image et la qualité des produits sont devenues aujourd’hui les principaux déterminants de la capacité d’un pays à s’adapter à la demande mondiale. Et, par conséquent, à améliorer sa compétitivité.
Par ailleurs, il serait pertinent, selon la même analyse, de réduire les barrières réglementaires à l’activité économique en Tunisie. Et ce, à travers la poursuite du rapprochement des deux régimes onshore et offshore.
Ceci pourrait aussi contribuer à l’amélioration de la compétitivité du régime onshore. Ainsi qu’à l’élimination du gap avec le régime offshore qui demeure toujours excédentaire; en accaparant la part la plus importante des exportations.
« Cependant, ces exportations, du fait de leurs destinations géographiques, dépendent énormément de la croissance des pays de l’Union européenne. Toute fluctuation au sein de ces pays induirait certainement une variation relativement forte de nos exportations.
Ainsi, mettre le cap vers d’autres marchés, et surtout celui d’Afrique Subsaharienne, se révèle l’une des pistes les plus intéressantes à suivre ». C’est ce qu’on peut lire dans la conclusion de cette analyse.
S’engager dans la transition énergétique
La Tunisie pourrait s’engager de plus en plus dans les nouvelles stratégies de transition énergétique. Notamment, à travers le développement des énergies renouvelables et le renforcement de la production nationale en électricité. Et ce, afin de faire face à l’aggravation du déficit énergétique et au déclin des ressources d’énergie primaire.
De ce fait, la mise en œuvre de ces stratégies permettrait ainsi d’améliorer l’efficacité en matière d’énergie. Mais aussi de réduire la dépendance énergétique du pays qui a atteint 59% en 2019 (contre seulement 5% en 2010).
Au final, pour ralentir le rythme d’évolution des importations, l’analyse recommande de booster l’appareil productif. Tout en stimulant l’intégration dans les chaines de valeur mondiales. Ce qui pourrait contribuer à satisfaire, en partie, la demande en biens incompressibles. De même qu’à soutenir les investissements dans les secteurs structurellement déficitaires.