Comment faire face à la puissance des barons de l’informel? Ce qui nous amène à poser la question suivante: s’agit-il de l’autorité de l’Etat ou de l’autorité des barons de l’informel? Tel est l’intitulé de l’étude réalisée par le Pr Abderrahmane Ben Zakour.
L’étude a montré que la croissance ou plutôt la puissance de l’informel en Tunisie s’est accompagnée d’une introduction dans la politique, dans le terrorisme et d’un certain contrôle de l’Etat ; le tout couronné par une corruption généralisée.
De ce fait, Abderrahmane Ben Zakour a suggéré dans son étude plusieurs solutions concrètes qui, une fois appliquées, permettraient à l’Etat de formaliser et de contrôler l’informel, tout en augmentant sensiblement les recettes fiscales. Et ce, par comparaison avec plusieurs expériences des pays en développement.
A l’instar du cas du Portugal, notamment, qui a réussi à avoir son billet d’entrée à l’Union européenne, puisque, en cinq ans, la part du secteur informel a été ramenée de 40 à 15 %.
En somme, la Tunisie peut largement s’inspirer de cette expérience portugaise pour élargir l’assiette fiscale, elle peut l’appliquer au moins pour certaines activités comme les bars et cafés dans les quartiers huppés.
Cela dit, il est évident que le secteur informel s’est accentué durant la période post-14 janvier. Ainsi il a proliféré, selon les estimations de la Banque mondiale, il est de l’ordre de 50 % du PIB. Un autre constat a montré que 40 % des membres de l’ARP sont des hommes d’affaires très influents. Ce qui fait qu’on peut comprendre la nature de certaines lois qui ont été votées ou qui le seront. De ce fait, l’argent a joué un grand rôle dans le jeu politique à tel point que l’ARP est devenue un ‘Mercato’.
En conclusion, et en tenant compte de la croissance démographique, du chômage et du progrès technologique qui a remplacé l’homme par la machine, nous avons abouti à une conclusion quelque peu poétique : l’informel est universel, l’informel serait donc immortel.