Des représentants de partis socialistes et de gauche, ainsi que des composantes de la société civile et d’organisations nationales ont réclamé, dimanche, l’accélération de l’examen du dossier d’assassinat de Chokri Belaid, homme politique, avocat et secrétaire général du Parti unifié des patriotes démocrates (Al Watad).
En effet, les manifestants qui se sont rassemblés ce dimanche devant le domicile du défunt, à l’occasion de la commémoration du neuvième anniversaire de son assassinat ont accusé la justice d’avoir dissimulé la vérité sur les circonstances du meurtre de Chokri Belaïd, et de Mohamed Brahmi, secrétaire général du Parti « Courant Populaire », dénonçant un lenteur « intentionné dans l’avancement de l’enquête.
Les participants à la manifestation ont brandi des banderoles fustigeant la lenteur des procédures , scandant des slogans hostiles au chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi. Cette formation politique est accusé d’être impliquée dans l’assassinat de Belaid, ce que le mouvement dément.
Par ailleurs, les manifestants ont critiqué ce qu’ils ont qualifié du » système judiciaire de l’ancien ministre de la Justice pendant la période de la troïka en allusion à Noureddine Bhiri », qui, selon eux, pourrait jouer un rôle capital dans la révélation de la vérité sur les assassinats ».
Le secrétaire général du Parti unifié des patriotes démocrates Zied Lakhdher, a indiqué dans une déclaration à TAP que « la tentative de dissimulation de multiples éléments dans le dossier de l’assassinat, ont commencé dans des départements du ministère de l’Intérieur et se sont poursuivis dans le système judiciaire », notant qu’« il y a des gens qui assument une part de responsabilité dans cette affaire de meurtre ».
Il a ajouté qu’au moment de l’assassinat, des partis politiques, dirigés par Ali Larayedh, alors ministre de l’Intérieur ont cherché à « brouiller les traits de l’assassinat, en faisant circuler l’information selon laquelle les assassins de Chokri Belaid auraient fui vers les frontières ouest de la Tunisie, alors qu’ils ont réellement fui vers un autre pays ».
D’après Lakhdher, des efforts ont été fournis pour clore le dossier à certains niveaux afin que la responsabilité n’atteigne pas les véritables commanditaires qui ont pris la « décision politique de liquidation ».
De son côté, le secrétaire général a précisé que le comité de défense dévoilera dans les prochains jours les développements du dossier, soulignant que des membres du mouvement Ennahdha sont impliqués, a-t-il assuré.
Concernant sa position au sujet de la décision du président de la République de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature, qui pourrait être un nouveau tournant dans le dossier de l’assassinat de Belaid, le secrétaire général a expliqué qu’il n’est pas possible de lier la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature au déroulement de l’affaire, soulignant que le Conseil n’a pas joué un rôle positif dans l’avancement de l’enquête.
Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l’Union générale tunisienne du travail, Samir Cheffi, a déclaré que tous les Tunisiens exigent la vérité sur l’assassinat de Chokri Belaid à tous les niveaux.
Il a affirmé que l’UGTT a insisté sur la nécessité que ce procès doit prendre son libre cours loin de toute pression pouvant handicaper la justice.
Cheffi a souligné que la centrale syndicale est concernée par l’indépendance du corps judiciaire et la résolution de tous les dossiers bloqués, disant « mais cette entité s’attache en même temps à faire en sorte que toute opération de réforme de l’entreprise reflète les attentes des Tunisiens.
Pour lui le corps judiciaire – tout comme le reste des établissements et les autres systèmes- a besoin de réforme, mais la différence demeure dans les méthodes de la réforme.
De son côté, Abdelmajid Belïd, frère du martyr Chokri Belïd a signalé que dans le procès de Behiri ainsi que pour les personnes poursuivies par la justice, tous les moyens ont été utilisés durant ces neufs dernières années pour tourner le dos au procès de son frères.
Et d’ajouter que la démarche adoptée dans le procès de l’assassinat de Chokri Belïd et Mohamed Brahmi ainsi que dans le dossier de l’appareil secret du mouvement d’Ennahdha a pris une nouvelle déviation après la décision du président de la République de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature, espérant que la réalité verra finalement le jour, avec le règlement de compte avec les auteurs des crimes.
D’après le secrétaire général du mouvement Echaâb, Zouheir Maghzaoui, la Tunisie a connu une décennie noire marquée par des assassinats politiques et des terrorismes. Il a regretté que la justice tunisienne tente de couvrir les faits des vrais assassins.
Zouheir Maghzaoui a indiqué que le rassemblement observé dimanche recommande de dévoiler toute la réalité, signalant que le combat réel en Tunisie est un combat de libération du corps judiciaire de toute tentative d’assujettissement.
Il est à signaler que ce mouvement a été marqué par le renvoi du président du parti Afek Tounes Fadhel Abdelkefi par un nombre de participants et son interdiction de participer à la commémoration de l’anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaïd.
Avec TAP