Environ 59,3 millions de personnes de la région « Proche-Orient et Afrique du Nord », étaient sous-alimentées durant l’année 2020. Soit 14,2% de la population totale. C’est ce qu’indique Qu Dongyu, Directeur général de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Et ce, dans une note publiée mardi, à l’occasion de la trente-sixième session de la Conférence régionale pour le Proche-Orient.
Il a estimé que la région a un long chemin à parcourir pour atteindre l’objectif de développement durable des Nations Unies, qui vise à éliminer la faim d’ici à 2030. Appelant à l’impératif d’agir maintenant « pour nous attaquer aux causes profondes de cette situation. Et transformer les structures qui déterminent la façon dont nos aliments sont produits, distribués et consommés ». Le responsable de la FAO a affirmé que la région Proche-Orient et Afrique du Nord souffre de plusieurs difficultés liées aux crises prolongées dues aux conflits et à d’autres crises humanitaires. Ainsi que par l’accroissement démographique et les effets de la crise climatique (pénurie d’eau, dégradation des ressources naturelles…). Ce qui a renforcé la gravité et l’impact des chocs et a affaibli la résilience.
La FAO relève des défis structurels
« La région Proche-Orient et Afrique du Nord doit faire face à des défis structurels tels, qu’il lui est particulièrement difficile de répondre aux besoins alimentaires d’une population croissante. De ce fait, nos systèmes agroalimentaires ne parviennent pas à garantir une alimentation saine. Les aliments apportent des calories, mais ne sont pas suffisamment nutritifs. Ce qui fait peser le triple fardeau de la malnutrition: retard de croissance, obésité et carences en micronutriments », a-t-il noté. Et d’ajouter: « Nous devons de toute urgence transformer nos systèmes agroalimentaires pour les rendre plus efficaces, plus inclusifs, plus résilients et plus durables ». D’après Qu Dongyu, la première des priorités est de réunir tout le monde à la même table. A savoir les dirigeants, qui doivent trouver des solutions pour redessiner l’avenir du secteur agroalimentaire. Mais aussi toutes les parties prenantes, notamment le secteur privé, le milieu universitaire et la société civile.
Quelle stratégie pour s’en sortir
« La FAO plaide en faveur d’une stratégie globale et cohérente qui mette l’accent sur les systèmes agroalimentaires en vue d’atteindre les 17 objectifs ». Le responsable a recommandé, aussi, de recourir à une série de mesures à court, moyen et long termes afin de créer des systèmes agroalimentaires durables, inclusifs et sains. Il s’agit d’exploiter le potentiel des technologies et de l’innovation dans les chaînes de valeur agroalimentaires à l’appui de la transformation rurale. Et de mettre en place des mesures incitatives, des règles et des normes pour favoriser l’évolution des modes de consommation, réduire les pertes et le gaspillage de nourriture et intensifier la restauration des terres et le reboisement. Il a proposé aussi de « limiter les prélèvements d’eau pour l’agriculture, tout en augmentant la productivité de l’eau ». Pour ce qui est des pays en proie à des situations d’urgence complexes, il a appelé à intensifier les investissements dans l’agriculture pour répondre aux besoins humanitaires de première ligne ce qui permettra de sauver des vies et de protéger les moyens de subsistance à court terme, mais aussi de jeter les bases d’un redressement et d’une résilience futurs. À ces actions doivent s’ajouter les efforts liés au développement. De même qu’il faut s’engager auprès des acteurs de la paix et du climat afin de garantir une transformation durable des systèmes agroalimentaires. Par ailleurs, il a souligné l’impératif d’une solidarité et d’une coopération accrues entre les pays à même d’éradiquer la faim, l’insécurité alimentaire et à garantir la durabilité.
Dans ce même contexte, il a affirmé que l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture continuera d’aider les pays à collaborer étroitement avec les organisations internationales, le milieu universitaire, le secteur privé, la société civile, les institutions financières internationales et toutes les parties prenantes concernées, dans le cadre de plusieurs initiatives telles que l’Initiative Main dans la main.
Quelles conclusions de la Conférence régionale de la FAO ?
Il est à noter que la 36ème session de la Conférence régionale de la FAO pour le Proche-Orient (les 7 et 8 février à Bagdad) était l’occasion pour les ministres de l’agriculture de la région de se rencontrer. Et ce, afin de débattre des défis et des priorités, de s’engager à prendre des mesures pour transformer les systèmes agroalimentaires en vue de la concrétisation des objectifs de développement durable.
La Conférence régionale marque une étape importante vers la mise en œuvre du Cadre stratégique 2022-2031 de la FAO, qui vise à garantir une meilleure production, une meilleure nutrition, un meilleur environnement et de meilleures conditions de vie pour tous, sans laisser personne de côté.
Avec TAP