Au nom des atteintes aux droits de l’Homme perpétrés dans les territoires palestiniens, l’Algérie et l’Afrique du Sud sont montés au créneau. Et ce, lors du sommet annuel des pays membres de l’Union africaine (UA). Pour inscrire à l’ordre du jour un nouveau vote sur le statut contesté d’observateur dont bénéficie Israël au sein de l’organisation panafricaine.
Cela fait des décennies que l’Etat hébreu cherche, avec des résultats mitigés, à mettre pied en Afrique. Mais, lors de son sommet annuel, l’UA a choisi, dimanche dernier, de ne pas afficher ses dissensions. Et ce, en ajournant le débat sur un sujet sensible. A savoir: l’accréditation d’Israël à l’organisation en tant qu’observateur. Un statut qui lui a été accordé par l’organisation panafricaine en 2021.
Le vote reporté sine die
En effet, source de shiisme parmi les 55 États membres, le sujet a été ajourné sine die. Afin d’éviter une crise majeure au sein de l’Union africaine portée généralement sur le consensus.
Sachant qu’un comité se chargera « d’examiner la question ». Il se compose de l’Afrique du Sud, de l’Algérie, du Rwanda, de la République démocratique du Congo, du Cameroun et du Nigeria. Une manière diplomatique de renvoyer ce dossier épineux aux calendes grecques. Evitant ainsi la possibilité d’un vote qui aurait pu provoquer une scission sans précédent dans l’histoire de l’UA. Laquelle fête ses vingt ans.
Divisions
A cet égard que les pays membres de l’Union africaine sont divisés. Et ce, sur le statut d’observateur dont bénéficie Israël au sein de l’organisation. C’est d’ailleurs ce que révélait la réunion, les 5 et 6 février à Addis-Abeba capitale de Éthiopie, du sommet annuel de l’UA.
Sachant que la décision d’accréditation d’Israël, avait été prise en juillet 2021 par Moussa Faki Mahamat, le président de la Commission de l’Union africaine. Lequel a défendu lors du sommet d’Addis-Abeba son choix controversé; tout en appelant à un « débat serein ». Assurant à l’occasion que l’engagement de l’UA dans « la quête d’indépendance des Palestiniens était immuable. Et qu’elle ne peut que continuer à se renforcer ». Mais l’accréditation d’Israël, a-t-il insisté, peut constituer « un instrument au service de la paix ».
Le conflit israélo-palestinien se déplace en Afrique
Il est probable que l’une des raisons pour lesquelles l’UA ait accordé ce statut à Israël est liée à la normalisation des relations entre Israël et plusieurs États arabes.
En effet, le Soudan, historiquement hostile à Israël, avait normalisé ses relations diplomatiques avec l’État hébreu en octobre 2020. En échange d’une aide financière promise par les États-Unis, principal allié de Tel-Aviv, à Khartoum.
Dans la foulée, en décembre 2020, le Maroc lui aussi décidait de normaliser ses relations diplomatiques avec Israël. En échange, les États-Unis ont officiellement reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
Le niet du front du refus à l’UA
Il est à signaler à ce propos que si une majorité de pays africains sont favorables au dialogue avec l’État hébreu, plusieurs poids lourds diplomatiques et économiques du continent, l’Algérie et l’Afrique du Sud en tête, refusent de dialoguer avec Israël. Au nom des atteintes aux droits de l’Homme perpétrés dans les territoires palestiniens et inscrivent par conséquent cette question à l’ordre du jour du sommet.
Notons à cet égard qu’à part Alger qui refuse catégoriquement toute normalisation avec l’Etat hébreu, l’Afrique du Sud compte parmi les pays historiquement opposés à la présence d’Israël au sein de l’Union africaine.
En effet, depuis la fin de l’Apartheid, les dirigeants politiques sud-africains reprochent régulièrement au gouvernement israélien de mener une politique similaire à celle de l’Apartheid envers les Palestiniens. « Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens ». Ainsi déclarait Nelson Mandela, héros de la lutte contre l’Apartheid, au leader palestinien Yasser Arafat.
Un discours qui va droit au cœur de notre Président, lequel persiste à penser que « la normalisation avec l’Etat sioniste est une haute trahison ».