L’ITCEQ a présenté les résultats d’une nouvelle étude élaborée par Abdelaziz Houichi sur « Réforme de ciblage des subventions alimentaires: Enseignements d’une évaluation ex-ante des effets attendus ».
Cette étude évalue de manière ex ante l’impact économique d’une réforme de ciblage des subventions alimentaires. Ceci concerne l’allocation d’aides directes aux plus nécessiteux sous forme de revenu en remplacement du soutien aux prix.
Afin de prendre en compte l’ensemble des interactions économiques (directes et indirectes) de cette réforme, un modèle d’équilibre général calculable a été développé et utilisé comme instrument de simulation et d’analyse pour deux scénarios de ciblage, un scénario de réforme rapide (thérapie de choc) et l’autre plus progressif dans le temps.
Dans cette étude, l’accent a été mis sur le calcul des résultats dégagés des exercices de simulation d’une ébauche de réforme déjà proposée début 2019.
Ménages et branches d’activités
Les principaux résultats montrent que la réforme n’est pas neutre en terme redistributif que ce soient entre catégories de ménages avec des pertes de pouvoir d’achat et de consommation conséquents pour les ménages qui ne devraient pas être ciblés par les transferts directs.
Les résultats montrent aussi que la réforme n’est pas neutre en terme bien entre branches d’activités. Car certaines activités agroalimentaires fortement subventionnées -comme les filières liées à la transformation du blérisquent de voir une baisse de leur rentabilité et donc une baisse de leurs activités ainsi que l’emploi dans ces filières.
Recommandations
L’étude a recommandé de procéder à un meilleur étalement sur le temps de la phase de démantèlement ainsi que la mise en place du nouveau système des transferts directs.
La réforme devrait être conçue dans le cadre d’une démarche globale de soutien à l’investissement et accompagnée par des politiques appropriées. Ces politiques viseraient une meilleure exploitation du redressement de l’épargne publique suite à la rationalisation des subventions.
Il serait utile, selon la même étude, de repenser l’essence et la portée des filets sociaux préconisés comme moyen pour accompagner cette réforme. Un ciblage dynamique qui intègre des mécanismes de garanti de revenus contre les pertes d’emploi et de revenu serait à envisager.
En plus, il sera probablement nécessaire d’accompagner la transformation dans les secteurs où la rentabilité risque fortement de baisser suite à la réforme. Ceci concerne notamment les activités en aval et en amont des filières de transformation du blé (minoteries ; boulangeries ; pâtisseries ; autres industries utilisant la semoule ou la farine…etc.).
En effet, l’apaisement sur les marchés mondiaux des denrées alimentaires de base peut constituer une opportunité pour le déclenchement de la réforme surtout si une démarche progressive serait privilégiée.
Pour pérenniser la réforme de ciblage serait mieux d’opter pour un ciblage par les investissements plutôt que par la distribution de revenus. Ceci concernerait surtout les investissements visant à améliorer la qualité et l’efficience des services publics de base tels que les transports publics ; la santé ; l’éducation…