Emmanuel Macron, candidat à sa propre succession, verrait bien à Matignon l’ancienne présidente du FMI et actuelle patronne de la BCE, Christine Lagarde. Et ce, pour succéder à Jean Castex, s’il était réélu pour un deuxième mandat. Mais cela dépend de la configuration du second tour de la présidentielle. Explication.
Pourquoi chercher si loin ce que vous avez de si près? Emanuel Macron, candidat à sa propre succession à l’Elysée et sûr de remporter la future élection présidentielle, sauf énorme surprise, pense, s’il était réélu, à nommer l’actuelle patronne de la Banque centrale européenne, Christine Lagarde, à Matignon. Alors même que son mandat à la Banque centrale court jusqu’en 2027. Afin, entre autres, de déstabiliser sa rivale la plus dangereuse, Valérie Pécresse, candidate LR? C’est ce qu’avancent les mauvaises langues.
Croche-pied
Selon des rumeurs bruissant dans le Tout-Paris, ce serait l’ancien président Nicolas Sarkozy qui lui aurait murmuré l’idée à l’oreille. Et ce, pour remplacer Jean Castex en cas de victoire d’Emmanuel Macron à la présidentielle de 2022. Et afin de garantir d’abord au moins la « neutralité bienveillante » de son mentor politique. Ensuite de savonner la planche sous les pieds de sa rivale de droite. D’autant plus qu’elle peine visiblement à relancer sa campagne électorale avec la défection de grosses pointures dans son propre camp. A l’image d’Eric Woerth, président de la commission des finances à l’Assemblée nationale rallié à Emmanuel Macron.
L’ancienne patronne du FMI, Christine Lagarde, glisse un fin observateur de la classe politique française, « est une femme de droite, expérimentée et malléable. Une bonne arme pour déstabiliser Pécresse. Elle parle à la bourgeoisie de droite et ne froisse pas les électeurs sociaux-démocrates ».
Décoration « politique » pour Christine Lagarde
Le journal Les Echos évoquait cette hypothèse la semaine dernière. Selon lui, c’est la raison pour laquelle le président de la République a discrètement décoré son ancienne ministre de l’Economie, mercredi dernier, des insignes de Commandeur de l’Ordre national du mérite. Et ce, lors d’une cérémonie restreinte, où seule une quarantaine de personnes ont participé. Elle se déroulait dans le jardin d’hiver de l’Élysée. Madame Lagarde était élevée à ce rang au nom de « sa contribution à la valorisation de l’image de la France ».
Et si Christine Lagarde, 68 ans, au long CV, de Bercy entre 2007 et 2011, au FMI 2011-2019 pour y remplacer Dominique Strauss-Kahn, en passant par l’un des gros cabinets d’avocats d’affaires américains, n’était pas très chaude pour quitter son prestigieux poste à la BCE? Sachant qu’il s’agit de l’une des plus puissantes institutions européennes. N’a-t-elle pas déclaré à maintes reprises que « la politique française est derrière elle »; et qu’elle compte aller au bout de son mandat?
« Matignon ne se refuse pas »
« J’ai un métier, j’ai une fonction ». Ainsi déclarait-elle sur France Inter en janvier dernier. « Je suis à Francfort jusqu’en 2027. Je n’ai pas pour habitude d’abandonner en cours de route ». Alors, fait-elle observer avec la modestie qui sied à celui qui connait sa propre valeur, « il y a d’autres gens tellement plus compétents pour faire le job. Donc je vais essayer de me concentrer sur ce que j’ai à faire ». Mais, paraît-il, « Matignon ne se refuse pas » !
Hypothèses
Mais, en vérité, l’hypothétique nomination de Mme Lagarde à Matignon dépend de la configuration du second tour. En effet, si Emmanuel Macron devait affronter Valérie Pécresse, elle serait probablement la personne idoine pour le poste de Premier ministre.
Par contre, s’il se trouvait face à Marine Le Pen, ou par malheur à Eric Zemmour, chantre du racisme et de la xénophobie la plus abjecte, le président français serait contraint d’écarter la carte Lagarde. Car elle incarne les institutions supranationales honnies par l’extrême-droite favorable plutôt à la « préférence nationale ».