Le défi de la lutte contre le changement climatique est plus important que jamais. C’est ce qu’a estimé lundi le chef d’un groupe d’experts sur le climat des Nations unies. Ce Groupe va examiner pendant deux semaines un rapport sur les conséquences du réchauffement de la planète.
En effet, « la nécessité du deuxième rapport du groupe de travail n’a jamais été aussi grande, car les enjeux n’ont jamais été aussi élevés », a déclaré lors d’une vidéoconférence, Hoesung Lee, Président du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC).
D’ailleurs, ce lundi, 195 pays vont commencer à étudier un deuxième rapport du GIEC sur les conséquences du réchauffement climatique, quelques mois seulement après un premier rapport alarmant. La session qui débute aujourd’hui doit se poursuivre jusqu’au 25 février.
Selon le chef du GIEC, ce cycle d’évaluation intervient dans des « circonstances imprévues et difficiles ». « En septembre 2017, lorsque le GIEC a approuvé les grandes lignes du rapport du groupe de travail II, nous ne nous attendions pas à ce que la pandémie de Covid-19 engloutisse la planète entière », a-t-il dit, rappelant « les défis sans précédent » posés par la pandémie au travail des experts du climat.
Pour aider les décideurs à dessiner les réponses aux impacts climatiques
Ces derniers doivent approuver un rapport axé sur les impacts, l’adaptation et la vulnérabilité au changement climatique. Lors de la cérémonie d’ouverture, la Directrice exécutive du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) a d’ailleurs insisté sur l’importance du travail du GIEC, qui « sous-tend l’action en matière de climat ».
D’autant que sur le terrain, « la croissance des impacts climatiques dépasse de loin nos efforts pour s’y adapter ». « Nous savons que le monde est déjà informé des preuves scientifiques que le GIEC a présentées d’année en année, de décennie en décennie, mais reconnaître les preuves n’est qu’un premier pas », a affirmé Inger Andersen.
« Les pays, les villes, les entreprises, les investisseurs et les acteurs individuels, les consommateurs doivent transformer ce premier pas en sprint si nous ne voulons pas dépasser +1,5°C », par rapport à l’ère préindustrielle, a-t-elle ajouté, relevant l’importance capitale d’un rapport pouvant « aider les décideurs mondiaux à dessiner les réponses aux impacts climatiques ».
Les effets du changement climatique sont déjà « très visibles »
A noter que dans le premier volet de leur rapport publié en août dernier, les experts climat de l’ONU (GIEC) faisaient une estimation du seuil que le mercure atteindrait autour de 2030. Soit dix ans plus tôt qu’escompté, le seuil de +1,5°C, objectif le plus optimiste de l’accord de Paris. Avant un troisième document en avril sur les solutions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le deuxième volet du sixième rapport d’évaluation, intègre plus fortement les sciences naturelles, sociales et économiques.
Les conséquences sur la sécurité alimentaire, la santé, les villes, les mouvements de population, ou encore sur la biodiversité et les écosystèmes, ainsi que les mesures prises pour s’adapter à ces changements seront au cœur du nouveau rapport. Or selon le patron de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), les effets du changement climatique sont déjà « très visibles ».
« Nous les avons vus se produire dans le monde entier. Les chefs d’État l’ont compris à Glasgow. Pas un seul chef d’État n’a remis en cause les faits scientifiques. Le message est passé et le message a été entendu ». Ainsi a affirmé Petteri Taalas, Secrétaire général de l’OMM à l’ouverture de la 55e session du GIEC.
« Nous avons dopé l’atmosphère »
Selon cette organisation onusienne basée à Genève, certaines régions du monde sont particulièrement vulnérables. Notamment sous les latitudes tropicales. De même que les pays en développement, notamment l’Afrique, l’Asie du Sud et les îles du Pacifique, sont très vulnérables au changement climatique.
« Ces effets sont déjà visibles dans le monde entier », a-t-il fait remarquer. Il relève que près de « 4,5 milliards d’habitants de cette planète ont subi une catastrophe liée à un événement météo ces 20 dernières années ».
D’ailleurs, durant les Jeux olympiques d’hiver en Chine, le chef de l’OMM s’est inspiré de la métaphore sportive. Et ce, pour alerter la communauté internationale et pointer du doigt les énergies fossiles. D’ailleurs, les énergies fossiles ont « dopé l’atmosphère en renforçant l’effet de serre ».
« Nous avons des athlètes très performants, et si vous les dopez, ils sont encore plus performants. C’est ce que nous avons fait à l’atmosphère. Nous l’avons dopée avec les énergies fossiles ». A-t-il déclaré. « Notre dopage a été l’utilisation des énergies fossiles, ce qui a déjà entraîné une augmentation des catastrophes et de leur impact humain, économique et biosphérique ».
Climat et adaptation climatique: un défi
Ainsi, quelque 270 scientifiques de 67 pays ont permis de produire le rapport qui est à l’étude au GIEC. Des experts du monde entier ont également fourni plus de 16.000 commentaires sur la première version du rapport.
En effet, les experts et les gouvernements ont fourni plus de 40.000 commentaires sur la deuxième version du rapport complet. Et sur la première version du résumé à l’intention des décideurs, qui ont d’ailleurs envoyé environ 5.700 commentaires.
La contribution du groupe de travail III au sixième rapport d’évaluation et le rapport de synthèse final devraient être finalisés respectivement début avril et septembre 2022. Outre l’atténuation, l’OMM estime qu’il est essentiel de prêter attention à l’adaptation.
« Nous nous attendons à ce que la tendance à l’augmentation des catastrophes se poursuive au moins jusqu’aux années 2060. Et à ce que l’élévation du niveau de la mer et la fonte des glaciers se poursuivent bien plus longtemps. Car nous avons déjà dépassé les 420 ppm de dioxyde de carbone », a mis en garde M. Taalas.
Source : communiqué