La tension palpable entre la Russie et l’Ukraine, cinquième producteur mondial de blé, risque de perturber l’approvisionnement en céréales de la Tunisie. Celle-ci étant très dépendante des importations de cette précieuse denrée de ces deux pays.
Effet papillon? Alors que le bruit de bottes se fait entendre en Europe de l’Est, précisément en Ukraine où 100.000 soldats sont massés tout le long de ses frontières avec l’ours russe, l’alarme retentit en Afrique du Nord. Et ses répercussions dans le monde entier pourraient gravement perturber l’approvisionnement en céréales de la Tunisie et des pays d’Afrique du Nord. Lesquels sont très dépendants des importations de céréales.
Dépendance
Faut-il rappeler à cet égard que les pays d’Afrique du Nord sont parmi les grands importateurs de blé au monde. Et notamment d’Ukraine et de la fédération de Russie. Sachant que des pays tels que l’Égypte, l’Algérie, la Tunisie et la Libye produisent moins de la moitié des céréales qui leur sont nécessaires. En particulier le blé, une denrée consommée presque quotidiennement par leur population.
D’autre part, relève le Middle East Eye, le média en ligne basé à Londres dans son édition du lundi 9 février 2022, l’Ukraine, cinquième producteur mondial de blé en 2019, exporte la majorité de sa production vers cette région. En effet, les pays tels que l’Égypte et la Tunisie figurent parmi les marchés étrangers à plus forte croissance pour le blé ukrainien.
« Les terres agricoles les plus productives d’Ukraine se situent dans les régions de l’Est, les plus vulnérables à une potentielle attaque russe. De même, si une guerre éclatait, les exportations de blé russe seraient assurément affectées; en particulier si le conflit se prolonge », rappelle le site londonien.
Sécheresse
De plus, « les craintes légitimes des effets de la crise sur l’approvisionnement en céréales de l’Afrique du Nord coïncident avec les perspectives d’une chute de la production de blé russe en 2021-2022. Conséquence des mauvaises conditions climatiques, en particulier des étés chauds et secs.
Or, en même temps, la sécheresse qui sévit dans la plupart des pays d’Afrique du Nord, notamment la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, aura pour conséquence de pousser ces pays à accroître les importations de céréales ».
La Tunisie lourdement impactée
En ce qui concerne notre pays, révèle la même source, « la Tunisie est très dépendante des importations de céréales. Lesquelles devraient atteindre un niveau moyen de 3,7 millions de tonnes pour l’année commerciale 2021-2022. Un volume inchangé par rapport à l’année précédente ».
« Le blé représente près de la moitié du total des céréales importées par la Tunisie. Celles-ci proviennent de nombreux fournisseurs, dont les principaux sont l’Ukraine et la Russie. D’où l’inquiétude des autorités tunisiennes de l’escalade des tensions entre ces deux pays. Le gouvernement tunisien a déjà commencé à chercher des alternatives », rappelle le site.
Notons à ce propos que la Tunisie a cultivé des céréales sur une superficie agricole de 810 000 hectares en 2021. Ainsi, le pays a produit cette année 1,6 million de tonnes de céréales. Soit moins de la moitié de ses besoins nationaux. Cela survient, « alors même que les agriculteurs du pays évitent de cultiver du blé sur leurs terres. A cause d’une série de facteurs, dont le faible prix à la vente, lequel est fixé par le gouvernement ». C’est ce que déplore le site londonien qui souligne que les changements climatiques affectent la capacité de la Tunisie à produire suffisamment de nourriture pour sa population. Et ce, « en raison de facteurs tels que les précipitations insuffisantes et les sécheresses ».
Vers une sortie de crise ?
Enfin, une bonne nouvelle. Après le risque imminent de l’invasion de l’Ukraine par son voisin russe, Vladimir Poutine vient de déclarer, mardi 15 février 2022, ne pas vouloir de guerre. Une annonce concomitante avec le début du repli d’unités russes jusqu’alors présentes à la limite de la Russie et l’Ukraine.
Toutefois, le maître du Kremlin exige des garanties. Essentiellement que l’Ukraine, qui appartenait jusqu’en 1991 à l’URSS, n’intègrera pas l’Otan. Une question au cœur du conflit entre les deux nations.