Le président de la République Kaïs Saïed a annoncé son intention de créer un comité dont l’objectif est d’auditer les dettes et les dons reçus par la Tunisie. Une intention annoncée lors de son entretien, hier 15 février, avec le vice-président du Groupe de la Banque mondiale pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord, Ferid Belhadj. Cependant, cette idée ne date pas d’hier et Kaïs Saïed n’est pas le premier à vouloir l’appliquer.
En effet, le groupe parlementaire du Front populaire avait déjà déposé un projet de loi relatif à l’audit de l’endettement en date du 21 juin 2016, au bureau de l’Assemblée des représentants du peuple. Cette initiative avait été signée par 73 députés de plusieurs blocs parlementaires. Son objectif était d’auditer les dettes de la Tunisie depuis 1986. Malheureusement pour le Front populaire, le projet de loi est resté lettre morte et n’a même pas été transféré à la plénière. Le choix de l’année 1986 ne doit rien au hasard, car cette année là coïncidait avec l’ajustement structurel signé avec le FMI. De ce fait, Kaïs Saïed n’est pas l’initiateur de l’idée d’audit.
Par ailleurs, dans un rapport publié en janvier 2015, le Comité pour l’Annulation de la dette du Tiers Monde (CADTM) affirmait que la Tunisie dispose de plusieurs arguments juridiques de taille pour remettre en cause le paiement de ses dettes. « La doctrine de la dette odieuse s’applique parfaitement aux dettes contractées sous la dictature de Ben Ali; selon cette doctrine de droit international », explique le CADTM.
Déjà dans une ancienne déclaration à l’Economiste Maghrébin, l’ancien député Fethi Chamkhi affirmait que « l’appareil politique n’est pas neutre quant à l’argent de la dette qui constitue une masse colossale d’argent. Comme il s’agit d’un État dictatorial, les mécanismes de contrôle et les institutions ne peuvent pas jouer leur rôle comme il se doit ». Pour cette raison, il considère que cette dette est celle de Ben Ali et non pas celle de l’Etat tunisien. D’autres partisans de l’audit de la dette font porter la responsabilité aux bailleurs de fonds « qui accordaient des crédits et des dons au régime de Ben Ali alors qu’ils savaient que cet argent n’allait pas servir les intérêts du peuple tunisien ».