Il y a comme un parfum de campagne électorale au sein de la Chambre tuniso-française pour le commerce et l’industrie (CTFCI).
A trois semaines du scrutin pour le renouvellement du bureau directeur de la CTFCI, les candidats prétendants s’affichent haut et fort et se mettent en ordre de marche. Ils affinent leurs stratégies et leurs arguments, s’assurent de leurs soutiens et préparent leurs projets et programmes d’action. Une compétition en règle, très policée pour succéder à M. Foued Lakhoua, président en exercice depuis plus de deux décennies. Succéder, car on ne remplace pas celui qui a tout donné à la chambre et qui en fut l’incarnation. Il en avait fait, au même titre que ses prédécesseurs, une institution qui compte dans le paysage économique national.
F.L. laissera, à son départ, son empreinte : sa passion pour l’entreprise, sa ferveur patriotique et son attachement sans fin pour le site Tunisie. Il a, de concert avec son comité directeur, réussi à faire de la doyenne des chambres mixtes le meilleur ambassadeur pour promouvoir le partenariat industriel tuniso-français.
Enarque, haut responsable avant d’endosser l’habit de dirigeant d’une entreprise franco-tunisienne, F.L. n’a jamais failli à la mission qui fut la sienne, en faisant de la CTFCI le porte-voix des entreprises françaises ou à participation partielle en Tunisie et le porte-drapeau du site Tunisie en France et notamment dans les régions fiefs d’entreprises à taille comparable à celle des nôtres et à fort potentiel de délocalisation.
« Une compétition en règle, très policée pour succéder à M. Foued Lakhoua, président en exercice depuis plus de deux décennies ».
Il a réussi à faire de la chambre – ce qu’elle doit être- le réceptacle des doléances des entreprises qui lui sont affiliées, leur défenseur et l’interface avec les autorités locales. Et un prestataire de services ô combien utile et efficace pour les chefs d’entreprise, surtout quand il s’agit d’obtention de visas, d’opérations de transferts, de change et de douane. Sans compter les échanges de visites et l’organisation de meetings professionnels. Et une véritable plateforme de discussions, de négociations et de partenariats à caractère stratégique.
F.L. se prépare à quitter le vaisseau amiral des chambres mixtes. Il laisse derrière lui un bilan élogieux. Son successeur aura fort à faire, avec l’appui de son bureau directeur, pour renforcer – en ces temps difficiles – le rayonnement, le pouvoir d’influence de la CTFCI, sa force de proposition auprès des autorités et sa capacité de séduire, de convaincre, d’élargir et de consolider la présence des entreprises françaises en Tunisie dont la sérénité est quelque peu troublée par les difficultés de la transition politique et par la crise sanitaire.
Une nouvelle étape se dessine et offre de nouvelles opportunités de réflexion, de redéploiement et d’action pour la chambre. Qui doit, de nouveau, monter au créneau et tirer parti des nouvelles reconfigurations des chaînes de production dans le monde. La crise sanitaire a révélé les limites, la dépendance et les dangers des délocalisations européennes en Asie. Si bien que la question de la relocalisation d’activités à fort contenu technologique est désormais à l’ordre du jour. Il y a sûrement des places à prendre en raison de notre proximité, de la qualité de nos compétences humaines et de notre degré d’insertion dans l’espace économique européen. On comprend, à l’aune de ces transformations et mutations technologiques, combien le choix des femmes et des hommes à la tête de la chambre est décisif.
Le monde à venir n’est pas sans rapport avec ce que devrait être la vision, le statut, le mode opératoire du nouveau bureau et de son chef de file. Il faut donc s’attendre à un profil pointu, industrieux, en ligne avec les nouveaux enjeux industriels et les nouvelles configurations des chaînes de valeur qui vont se mettre en place et restructurer les réseaux planétaires des IDE. En clair, il faut un capitaine d’industrie au long cours. Qui soit en permanence sur le pont, à la manœuvre.
« Une nouvelle étape se dessine et offre de nouvelles opportunités de réflexion, de redéploiement et d’action pour la chambre »
Qui des deux postulants, tête de liste ou chef de file, Khélil Chaïbi ou Hassen Zargouni, si l’on en croit les informations qui nous viennent de la chambre, paraît le mieux à même de tenir la barre dans une mer assez agitée.
Le sentiment qui prévaut chez un certain nombre d’adhérents, et pas des moindres, supporters et candidats, est que la candidature de Khélil Chaïbi paraît très crédible. Il est à la tête du pôle mécanique d’un groupe à large spectre d’activités et pionnier en matière de partenariats stratégiques. Il est au cœur de ce processus de relocalisation. Il a un parcours élogieux de dirigeant d’entreprises d’essence mécanique à vocation internationale. Il est dans l’action, dans le mouvement. Il dispose d’un carnet d’adresses à faire pâlir d’envie pour avoir évolué dans la cour des grands de ce monde. Et, fin des fins, il est confronté au quotidien, de par ses responsabilités professionnelles, aux problèmes qui sont ceux des entreprises membres de la chambre. On le dit habité par la fonction et prêt à en assumer la charge.
Hassen Zargouni, qui ne fait plus mystère de son désir de briguer la présidence de la chambre, est sans doute l’un des plus médiatisés de la société civile. Il est, de par son activité, davantage dans le commentaire, même s’il brille sur le plan professionnel. Il est plus enclin à la chose politique et publique. Omniprésent dans les médias, en raison de son institut de sondage, qui force le respect, il lui est difficile de s’investir pleinement et en permanence dans les activités de la chambre. C’est en tout cas ce qui se dit dans les allées de la chambre. Ce qui, du reste, n’enlève rien aux qualités humaines et professionnelles de Hassen Zargouni.
Deux candidats à la notoriété établie, deux profils séduisants. La ligne de partage n’en est pas moins claire. La profondeur stratégique, l’assiduité, l’engagement, l’esprit de méthode de l’un et de l’autre seront décisifs. A ce jeu-là, les ténors de la chambre semblent déjà avoir choisi.