« Ce n’est pas à cet âge que je vais commencer une carrière de dictateur ». Ainsi, le président de la République paraphrasait l’homme du 18 juin. Et ce, lors de sa participation aux travaux de la sixième édition du Sommet Union européenne – Union africaine qui se tient actuellement à Bruxelles. Réussira-t-il à convaincre nos partenaires européens que la Tunisie demeure un Etat de droit? Tel est l’enjeu de son premier déplacement à l’étranger depuis le coup de force du 25 juillet.
C’est après avoir snobé- sans raison apparente et au risque d’offenser ses pairs africains le 35ème Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine qui s’est tenu les 5 et 6 février en cours à Addis Abeba, siège de l’organisation panafricaine- que le président de la République, Kaïs Saïed, s’est rendu à Bruxelles pour une visite de deux jours. Et ce, afin d’assister aux travaux de la sixième édition du Sommet Union européenne – Union africaine. Celui-ci se tient les 17 et 18 février 2022, dans la capitale belge.
Kaïs Saïed est-il parti en solo ?
Le Président est-il parti en solo? Le ministre de l’Economie et de la Planification, Samir Saied, est-il de ce voyage? Nous n’en savons rien. Puisque c’est par un communiqué officiel très laconique que nous avons appris, hier mercredi 16 février, que le Président prendra part à ce Sommet. Sans préciser s’il partait seul ou accompagné d’une délégation officielle composée d’experts en économie. La communication n’étant pas le point fort de la présidence de la République. Mais passons!
Les enjeux sont énormes
Question qui ne manque pas de pertinence quand on se rappelle que le Sommet de Bruxelles réunit pas moins de 80 chefs d’Etat et de gouvernement. Et qu’il s’agit de débattre du « Global Gateway »; à savoir un investissement colossal de 150 milliards d’euros sur cinq ans. Sachant que l’Union Européenne reste le premier partenaire multilatéral du continent africain. Avec des échanges commerciaux qui ont augmenté de 20% pour atteindre plus de 200 milliards entre 2016 et 2020.
Donc, il va sans dire que les enjeux à Bruxelles sont énormes. Et par chance, la Tunisie a été invitée; alors que d’autres pays africains ont été ignorés. A l’instar du Mali, de la Guinée, du Burkina Faso et du Soudan pour cause de coups d’Etat et d’atteinte aux droits de l’Homme. Une preuve que nous n’appartenons pas encore à ce triste cercle. Ceci-dit, aurions-nous notre part du gâteau si le chef de l’Etat réussissait à convaincre nos partenaires européens que la Tunisie reste un Etat de droit?
Le général De Gaulle cité
D’ailleurs, à peine foulait-il le sol belge que notre Président était harponné par un journaliste africain. Lequel l’interpelait sur les « dérives dictatoriales » en Tunisie.
Kaïs Saïed, tout sourire, pour une fois décontracté et avenant, s’est permis de paraphraser dans la langue de Voltaire, mais avec un accent à couper au couteau, la fameuse citation du général De Gaulle: « Ce n’est pas à cet âge que je vais commencer une carrière de dictateur ». Avant d’ajouter: « Etant constitutionnaliste, je ne peux être qu’attaché à l’Etat de droit et aux institutions ». Belle réplique, certainement préparée et mijotée d’avance.