Le leader du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi ne mâche plus ses mots et fustige le président de la République Kais Saïed sans hésitation.
Auparavant, Rached Ghannouchi misait sur le dialogue et la diplomatie même après la proclamation des mesures exceptionnelles du 25 juillet 2021. Maintenant, ce n’est plus le cas. Dans une réunion avec les membres du collectif « Citoyens contre le coup d’Etat », Ghannouchi laisse libre cours à ses propos hostiles au président de la République Kaïs Saïed.
Si ce collectif s’est réuni, c’est pour exprimer sa solidarité avec le député du mouvement Ennahdha Noureddine Bhiri assigné à résidence depuis 50 jours. Ont assisté à cette réunion de solidarité Rached Ghannouchi, Ahmed Néjib Chebbi, Issam Chebbi, Safi Saïd, outre les membres du collectif et du comité de défense.
Rarement qu’on a vu ou entendu Rached Ghannouchi faire sa propre auto-évaluation ou revenir sur ses choix et ceux de son parti. Mais voici qu’il a, dans le cadre de cette réunion, affirmé son regret d’avoir soutenu Kaïs Saïed. Lors de son intervention, il se demande « comment avons-nous fait pour élire cet homme ? ».
« Que Dieu nous le pardonne »
Il ne manque pas d’exprimer son regret pour ce choix «que Dieu nous le pardonne ». Dans le même sillage, Rached Ghannouchi établi une comparaison entre Kaïs Saïed et son rival lors de la présidentielle 2019 Nabil Karoui. Rached Ghannouchi déclare que Nabil Karoui dirigeait une entreprise qui a fait ses preuves alors que Kaïs Saïed a eu comme première expérience la présidence d’un pays.
Dans le même registre de regret et de remord, le Chikh de montplaisir affirme qu’il aurait du enquêter sur la personne de Kaïs Saïed bien avant de prendre la décision de le soutenir. « Ils nous a ensorcelé avec ses propos ». lance-t-il.
Pour lui, Kaïs Saïed se trompe s’il pense pouvoir détruire toutes les réalisation de l’après révolution. Car, selon Rached Ghannouchi, les Tunisiens qui ont embrassé la liberté ne mettront pas les pieds dans « l’étable de Kaïs ». Il n’a pas oublié de l’accuser de vouloir s’accaparer de tous les pouvoirs.
Optimisme et confiance démesurées
D’ailleurs, Rached Ghannouchi demeure confiant car « il n’existe pratiquement personne pour défendre le projet de Kaïs Saïed à l’exception des membres de sa campagne explicative ». D’ailleurs, il établit une comparaison entre les membres de la campagne explicative et les prédicateurs chiites qui agissent dans l’ombre. Il rectifie le tir et déclare que le problème c’est pas d’être sunnite ou sunnite. Le problème pour Rached Ghannouchi c’est que Kaïs Saïed soit « putschiste ».
A la fin de son intervention, Rache Ghannouchi compare Kaïs Saïed à un barrage qu’il faut éliminer pour que le train de la démocratie puisse passer. Une action qui doit être faite dans le cadre du « devoir national ». De ce fait, il appelle à oublier les conflits partisans.