Le Ministère des Finances publie les conditions du nouvel Emprunt Obligataire National 2022. Par rapport à nos attentes, c’est une sortie plus tôt que prévue. Attestant donc de la fragilité des finances publiques.
L’objectif de la première tranche de cet emprunt obligataire est de collecter 350 MTND. Si les demandes de souscription sont plus élevées, le montant pourra dépasser cette limite. Les épargnants personnes physiques pourront souscrire à la catégorie A. Elle offre la possibilité d’acheter des obligations d’une valeur nominale unitaire de 10 TND. Elles remboursables sur cinq ans dont trois années de grâce. Le taux fixe est de 8,8%, celui variable s’élève à TMM+2,4%.
Taux alléchants
Pour les personnes morales, il y a la catégorie B. Les obligations ont une valeur nominale de 100 TND, remboursables sur sept ans avec deux années de grâce. La rémunération est de 8,9% ou TMM+2,5%. La troisième catégorie C propose des obligations de 100 TND. Mais avec une période de remboursement de dix ans, dont deux années de grâce au taux de 9,1% ou TMM+2,65%.
Ces offres de placement sont intéressantes. Surtout pour ceux qui veulent sécuriser un rendement pour les prochains exercices. Sur les prochaines années, personne ne peut se prononcer quant au sens de l’évolution du TMM. A court terme, il est clair qu’il persistera à son niveau actuel à cause des pressions inflationnistes. La proposition à taux fixe devrait susciter plus l’intérêt des souscripteurs.
Choix réfléchi d’un emprunt obligataire
Mais pourquoi l’Etat a choisi d’émettre des obligations plutôt que des Bons de Trésor? A notre avis, l’objectif concerne essentiellement la gestion de la maturité de la dette souveraine.
Si nous regardons les adjudications récentes de BTA, nous constatons que les investisseurs préfèrent les échéances les plus proches. Si cela va continuer, le Trésor se retrouvera avec un calendrier de remboursement chargé sur la période 2025-2027.
Pour alléger les pressions et de ne pas se retrouver dans la même situation qu’’aujourd’hui, avec un recours aux opérations d’échange, il a fallu miser sur les obligations. Elles donneraient une bouffée d’oxygène pour les deux prochaines années, avec un amortissement soutenable pouvant aller jusqu’à 2032.
Il y a également la question de la diversification des sources de financement. La formule d’emprunt obligataire permet aux intermédiaires en Bourse et aux banques de prospecter leurs clients personnes physiques. La commission de placement est intéressante et nous avons vu lors de l’émission de l’année dernière que plus de la moitié du montant collecté provenait des OPCVM.
Longue série d’émissions
Avec une première sortie au mois de mars, nous pensons qu’il y aura au moins quatre ou même cinq tranches. Historiquement, les problèmes budgétaires s’accentuent au second semestre et en 2021 il a eu trois tranches en quelques mois.
L’objectif annoncé de 350 MTND sera atteint. Pour rappel, la Loi de Finances 2022 a prévu une levée totale dans le cadre de cet emprunt de 1 400 MTND. Les besoins réels seraient plus importants et il ne sera pas surprenant de voir ce montant frôler les 2 000 MTND à la fin de l’année. L’activité de placement des établissements financiers a de belles années qui l’attendent. Toutefois, la surexposition au risque souverain lie leur sort à celui des finances publiques. Plus que jamais, nous sommes tous sur le même navire.