Depuis le 25 juillet dernier, la Tunisie reçoit de temps à autre injonctions et menaces en provenance de Washington, de Bruxelles, de Paris et d’ailleurs. La dernière injonction en date est collective. Elle nous a été adressée par les ambassadeurs du G7 des sept pays industrialisés: Allemagne, Canada, Etats-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni!
La dernière menace, adressée de Bruxelles par un haut fonctionnaire de la bureaucratie européenne, nous met même en garde contre la possibilité d’arrêter tout transfert d’aide financière à la Tunisie!
Subitement, tout ce beau monde n’arrive plus à cacher son inquiétude et ses soucis sur le sort de la démocratie, la liberté, la justice et l’Etat de droit en Tunisie. Pourtant, pendant toute une décennie, ils ont regardé ailleurs. Pendant tout ce temps, ils ne pouvaient ignorer que l’islam politique était lancé furieusement dans une entreprise de destruction systématique des fondements politiques, économiques, sociaux et culturels du pays, laborieusement édifiés pendant six décennies.
Il n’y a pas eu d’injonctions quand le pays était sous l’acharnement destructeur de l’islam politique. Il n’y a pas eu de menaces quand Ennahdha mettait sous sa domination le corps judiciaire. Limogeant ainsi plus de 80 juges « non sûrs », menaçant du même sort tout magistrat qui penserait à mettre en application le principe de l’indépendance de la justice. Nous n’avons pas assisté à des mesures de rétorsion contre les responsables de l’ouverture de la Tunisie aux hordes terroristes. Aucune injonction ni sanction contre ceux qui ont transformé le pays d’exportateur de biens et services en exportateur de terroristes.
Silence assourdissant durant une décennie
La question fondamentale qui se pose alors est la suivante: pourquoi nos partenaires occidentaux ont gardé un silence assourdissant durant une décennie de déchainement islamiste contre le pays? Pourquoi ont-ils commencé à parler seulement après le 25 juillet?
Il faut rappeler ici que la décision d’installer les islamistes au pouvoir dans le monde arabe a été prise par l’administration américaine qui avait alors à sa tête l’Afro-Américain Barack Obama. La tolérance et la complicité dont bénéficiait l’islam politique sous le président Obama et le vice-président Biden ressemblaient à celles dont bénéficiaient les régimes militaires qui avaient sévi au siècle dernier au Chili, en Argentine et dans d’autres pays latino-américains, sous les présidents Lyndon Johnson et Richard Nixon.
N’est-ce pas étonnant qu’une attaque terroriste dévastatrice soit dirigée contre l’ambassade américaine à Tunis; sans que l’administration Obama ne demande le moindre compte aux responsables nahdhaouis qui étaient alors au pouvoir? N’est-ce pas stupéfiant que des dizaines de touristes étrangers soient victimes d’attaques terroristes meurtrières au Musée du Bardo et sur la plage d’un hôtel à Sousse; sans que les pays européens concernés (Grande Bretagne et France principalement) n’exigent la moindre explication du gouvernement islamiste?
Mais l’étonnement et la stupéfaction s’évaporent quand on sait que l’installation des islamistes au pouvoir en Tunisie est le résultat d’une décision stratégique prise à Washington et avalisée par l’Europe. Par conséquent, il n’est pas question de demander des comptes à Ennahdha pour ses abus et ses crimes. Tout comme au siècle dernier, il n’était pas question de demander des comptes pour les crimes des dictatures latino-américaines installées au pouvoir avec l’aide, la complicité et la collusion de Washington.
Appels désespérés à l’Occident
Puis vint le 25 juillet, et les langues se sont subitement déliées en Occident. Il faut dire que les critiques, les injonctions et les quelques menaces adressées au président Kaïs Saïed sont loin d’être virulentes. On sent même que leurs auteurs ressentent une certaine gêne à les formuler, compte tenu de l’énormité des dégâts commis au pays par l’islam politique. Compte tenu aussi des horreurs observées deux ans durant dans l’enceinte du parlement. Compte tenu également de l’inefficacité, pour ne pas dire la collusion, de la justice dans le traitement des dossiers des assassinats politiques et du terrorisme en général.
Comment expliquer alors ces injonctions adressées à Kaïs Saïed? Il y a d’abord les lobbies engagés aux Etats-Unis et en Europe par l’islam politique contre espèces sonnantes et trébuchantes. Et l’on sait l’influence de ces groupes de pression sur les parlements et les cercles gouvernementaux en Occident.
Il y a ensuite le grand nombre d’associations, incrustées dans le tissu social occidental, dont l’unique fonds de commerce est la défense des droits de l’Homme. Il n’est pas question ici de les mettre à l’index, car la plupart d’entre-elles font un travail fort respectable et honorable. Mais il arrive que certaines associations, par calcul, par engagement politique ou par ignorance se lancent dans de faux combats et de faux procès d’intention, comme ceux qu’elles mènent contre les mesures prises par le président Kaïs Saïed.
Il y a enfin ces « citoyens contre le putsch » qui, dans toutes leurs manifestations, appellent l’Occident au secours en plaçant délibérément devant l’œil des caméras leurs appels désespérés formulés en anglais et en français: « Save our democracy », « Sauvez notre démocratie ». Et visiblement, il y en a quelques-uns en Occident suffisamment godiches pour penser, à l’instar des « citoyens contre le putsch », que Ghannouchi au pouvoir, c’est la démocratie, et Kaïs Saïed au pouvoir, c’est la dictature.
Les langues se sont subitement déliées en Occident, mais c’est pour la forme. Car la cause des islamistes et de leurs laquais locaux est indéfendable. Aux dernières nouvelles, les porte-parole de l’UE ont démenti la menace formulée quelques jours plus tôt de Bruxelles par un haut fonctionnaire de la bureaucratie européenne.