Rached Ghannouchi cherche frénétiquement à occuper le terrain médiatique pour s’imposer comme « le » chef incontestable de l’opposition. Et ce, dans la perspective des élections législatives qui auront lieu en janvier prochain. Par malchance, il risque de se faire voler la vedette par sa pire ennemie. Une certaine… Abir Moussi.
Un simple lapsus? Lors de l’oraison funèbre prononcée dimanche 20 février 2022 à Tataouine par Rached Ghannouchi à la mémoire de Farhat Laâbar, membre du conseil de la Choura et ancien directeur du bureau d’Al Jazeera à Tunis, le cheikh évoqua la témérité du défunt qui ne craignait pas le « taghout ». Un terme viral donc qui a circulé sur les réseaux sociaux, soulevant indignation et stupéfaction.
Retour au lexique des Frérots
C’est que le terme puisé dans le lexique des Frères musulmans est utilisé par les Djihadistes de Daech et d’El Qaida. Ils s’en servent en effet pour justifier les attaques terroristes visant les soldats et les agents sécuritaires.
Par conséquent, il va sans dire que l’utilisation du vocable « taghout » est loin d’être fortuite. Ainsi, le leader historique d’Ennahdha, en vieux briscard de la politique et en animal politique au sang froid ne peut pas ignorer sa terrible connotation. Pis, il l’a utilisé à dessein pour galvaniser sa base. En revenant « aux sources » de la littérature salafiste d’Hassan El Benna et de Saïed Qotb. Et ce, dans le contexte du duel à mort qui l’oppose à son frère-ennemi, le président de la République Kaïs Saïed.
Ghannouchi se laisse aller contre le Président
N’est-il pas curieux que l’homme qui cristallise au plus haut point l’aversion des Tunisiens pour une certaine classe politique pourrie, corrompue et sournoise, tous les sondages sont unanimes à confirmer ce constat, se démène comme un diable ces derniers temps pour marquer sa présence dans les médias?
Déjà, le 18 février en cours, et alors que le chef de l’Etat se trouve à Bruxelles pour participer au 6ème sommet UE-UA, le chef du Parlement gelé, Rached Ghannouchi, se laissait aller contre le chef de l’Etat. Lequel, selon lui « n’a ni carrière, ni expérience politique ».
De même, lors de sa visite au chevet du mouvement « Citoyens contre le coup d’Etat » et en présence d’Ahmed Nejib Chebbi et Jawher Ben Mbarek, aux tristes mines d’enterrement, il déplorait d’avoir contribué à faire élire le Président « que Dieu nous le pardonne ». Et promettait que le « nouveau dictateur » sera éliminé; que le peuple se débarrassera de Kaïs Saïed, « comme il s’est débarrassé des dictateurs qui l’ont précédé ». Il poussa même le bouchon jusqu’à annoncer imprudemment que le Parlement sera de retour « malgré eux ».
Retour des interviews dans des médias étrangers
Mais d’où vient cette assurance alors qu’il sait au fond de lui-même que les cartes dont désormais redistribuées? Et que l’ARP gelée, son paradis perdu, est de facto caduque, même aux yeux de l’étranger? Nostalgie maladive quand tu nous tiens!
Revenant à la charge lors d’un long entretien accordé hier lundi 21 février à Al-Jazeera, Rached Ghannouchi, très à l’aise dans ce média qatari qui lui est totalement acquis, tire à boulets rouges sur l’homme du 25 Juillet. Lequel « a échoué à honorer son serment pour le respect de la Constitution, à tenir ses engagements envers ce qu’il reste des articles du Texte fondamental. Comme il a échoué, pour la troisième fois consécutive, à former un gouvernement capable de traiter les affaires du pays et à présenter un budget qui garantisse un niveau minimum de sécurité économique et financière aux Tunisiens ».
Et ce n’est pas tout, puisque sur le plan extérieur, assure Ghannouchi, le Président « a échoué à présenter une image reluisante de la Tunisie à l’étranger. Ce qui plonge notre pas dans un isolement international sans précédent dans son histoire ». Pauvre de nous!
Ghannouchi, le sage au grand cœur
Soucieux, comme à l’accoutumée, des intérêts supérieurs de notre pays, le leader historique d’Ennahdha exhorte le président de la République « à rattraper cette situation avant de tomber, avant qu’il ne soit trop tard ». Il pousse même « la sagesse » à appeler tout le monde « à se rassembler autour d’une position consensuelle. Et à mettre la main dans la main pour privilégier l’intérêt du pays, au détriment de l’intérêt personnel des uns et des autres ».
Abir Moussi, la trouble-fête
Alors que penser de l’activisme effréné de Rached Ghannouchi ces derniers temps?
Nul doute qu’il veut se positionner sur l’échiquier politique dans la perspective des élections législatives de janvier prochain. Et ce, comme première force d’opposition à Kaïs Saïed, un président fort d’un insolent soutien populaire.
Mais, c’est sans tenir compte de la montée en puissance de la cheffe du PDL, Abir Moussi. En effet, elle caracole à 32.6% dans les intentions de vote pour les prochaines législatives, selon les dernières estimations de Sigma Conseil.
D’autant plus que le Parti destourien libre a décidé, lundi 21 février à la fin des travaux de son Comité central, de présenter la candidature de sa présidente à la prochaine élection présidentielle. Ainsi que de se présenter à toutes les échéances électorales à venir, municipales, présidentielles et législatives.
M. Ghannouchi est averti. Ceci explique cela.