La pandémie de Covid-19 a révélé au public les faiblesses et les failles des chaînes d’approvisionnement mondiales. Et elle accentue l’urgence de mettre en place des politiques pour des chaînes de valeur mondiales (CVMs) plus robustes et durables.
Plusieurs pays, dont la Tunisie, sont confrontés à des challenges à surmonter. Renforcer la résilience de la participation aux CVMs est susceptible d’avoir un impact significatif sur la compétitivité commerciale des pays, au profit de ceux qui sont capables d’accroître leur résistance aux chocs inattendus. Tout en ayant un impact négatif sur les pays qui ne sont pas en mesure de rattraper leur retard dans la course aux futures chaînes de valeur mondiales.
Défis importants à relever
Bien que la quote-part de la Tunisie dans la valeur ajoutée totale créée par les CVMs figure parmi les plus élevées, elle fait encore face à des défis importants à relever.
Tout d’abord, la Tunisie n’a pas réussi à considérer les chaînes de valeur dans leur intégralité. En moyenne, 60% de sa participation concerne les pays de la zone européenne. La France, l’Italie et l’Espagne sont les pays les plus intégrés avec la Tunisie en termes de liens en amont et en aval.
Néanmoins, avec une éventuelle réorganisation des chaînes de valeur mondiales après la crise sanitaire de la Covid-19, et au regard des futurs enjeux exceptionnels, cette forte dépendance vis-à-vis des pays européens est un risque à saisir.
Une fois que les firmes européennes préfèrent délocaliser leurs sites de production ou revoient leur stratégie industrielle afin d’être plus autonomes dans certains secteurs stratégiques, les investissements et les revenus provenant de la chaîne de valeur mondiale de la Tunisie seraient durablement affectés.
Le pays souffre également, sous le poids des difficultés politiques, économiques et sociales de ces dernières années, de l’absence de plans de développement permettant d’identifier les projets prioritaires et les réformes essentielles à la mise à niveau de la Tunisie dans les CVMs.
Nécessité d’une réforme globale
La nécessité d’une réforme globale pour stimuler le commerce, l’investissement et l’innovation dans l’ensemble de l’économie tunisienne est impérative.
Cette réforme devrait s’attaquer aux nombreux obstacles, aux investissements et aux échanges, tels que les entraves à une bonne performance logistique. En fait, le coût, le temps et les autres normes liés au transport des marchandises sont des facteurs critiques.
Des délais d’expédition plus courts réduisent les coûts de l’entreprise. Ils encouragent donc des volumes d’échanges plus importants.
En contrepartie, des procédures d’exportation et d’importation complexes restreignent la possibilité des entreprises de s’engager dans la production internationale. Principalement en ce qui concerne les articles sensibles au facteur temps. Et ce, compte tenu de leur incapacité à respecter les normes de solvabilité.
Une attention particulière devrait être accordée, lors de cette réforme, aux conditions de la gouvernance nationale, à la fois publique et privée. La stabilité politique, la répression de la corruption, la rigueur de la législation, la liberté d’investissement et la qualité de services institutionnels jouent un rôle déterminant.
« Une attention particulière devrait être accordée aux conditions de la gouvernance nationale, à la fois publique et privée »
En outre, une transition vers l’industrie 4.0 est prépondérante. De nos jours, les technologies numériques dans le contexte de l’industrie 4.0 ont le potentiel de résoudre les problèmes de rétablissement du commerce après la Covid-19.
L’internet des objets, l’analyse des données et du Big data, le Cloud, la robotique autonome, la fabrication additive et l’impression 3D deviennent de plus en plus un pré-requis pour des futures CVMs plus résilientes, solides et durables.
Ainsi, pour conserver un avantage dans une économie mondiale intensément numérisée, la Tunisie devrait toujours être dans la course au numérique ou rattraper son retard. Surtout que l’avenir numérique contribuera aussi à l’Agenda 2063 de l’Union africaine.
De manière générale, afin de surmonter les défis face à la pression concurrentielle, il faut penser à tout et agir de concert. Les initiatives envers une participation plus robuste de la Tunisie aux CVMs ont plus de chances d’être efficaces avec une synergie entre le public, le social et le privé.