La guerre en Ukraine et ses dommages collatéraux (flambée des cours du pétrole et du blé, poussées inflationnistes, pressions haussières sur les taux d’intérêt…) sont venus rappeler aux décideurs tunisiens l’urgence de prendre la voie des réformes structurelles.
Une guerre qui a dévoilé au grand jour l’absence de réflexion stratégique dans la conception des politiques publiques (politique agricole et politique énergétique). Un tel contexte nous ramène à repenser les politiques publiques.
Prioriser la souveraineté alimentaire
L’inaction face à la flambée du prix du blé est suicidaire. L’urgence est de travailler sur deux fronts. D’une part, repenser toute la politique agricole au profit des grandes cultures stratégiques (céréales) indispensables pour la sécurité alimentaire et la paix sociale. D’autre part, réduire la pression sur les ressources hydriques via la mise en place de solutions d’irrigation innovantes qui priorisent les cultures économes en eaux. Le « spectacle » des exportations de cultures maraîchères (tomates, pastèques…) est inadmissible pour un pays frappé par un stress hydrique !
Accélérer le rythme d’insertion dans la transition énergétique
Dans les pays européens, l’énergie solaire est largement plébiscitée dans le secteur énergétique et se développe à vitesse grand V, alors que dans un pays ensoleillé à longueur d’année, comme la Tunisie, les avancées sur le terrain du renouvelable demeurent décevantes.
Pire encore, le distributeur national d’électricité bloque le raccordement de l’énergie renouvelable !
Ancrer la culture du hedging dans la gestion des risques (change et matières premières).
Un effort de modernisation des textes réglementaires est nécessaire pour vulgariser les techniques de couverture contre les risques de fluctuation des cours mondiaux et des principales devises. Dans une stratégie de couverture, la prime payée dans un contrat d’option sur le cours du pétrole est comparable à la prime payée dans un contrat d’assurance auto.
L’objectif est d’«acheter la tranquillité» en cas d’accident pour la voiture ou en cas de mauvaises anticipations pour les cours mondiaux.
La réflexion stratégique est incontournable pour éviter l’abîme. Mais une telle réflexion ne peut fleurir dans un environnement miné par la montée du populisme et les tergiversations politiciennes. « Un homme d’Etat est celui qui pense aux générations futures et un homme politique est celui qui pense aux prochaines élections », nous alertait Abraham Lincoln depuis le 19ème siècle.