« Il n’y a point de place faible, là où il y a des gens de cœur pour la défendre« (Pierre Terrail de Bayard).
La Russie a envahi l’Ukraine. Elle a multiplié les fronts militaires et les sièges de grandes villes. Kiev, la capitale est menacée puisque les chars d’assaut russes sont dans sa proche banlieue. Sa chute est à l’ordre du jour.
L’agression russe de l’Ukraine est une guerre conventionnelle, menée dans un cadre dissymétrique. En effet, l’Ukraine ne peut gagner sur le terrain. Mais sa résistance ralentit l’avancée des troupes ennemies.
A entendre le général, professeur de stratégie à Sciences-Po et ancien directeur de l’Ecole de guerre, Vincent Desportes, une porte de sortie pacifique semble difficile dans cette crise. Il estime que « la guerre va durer ». « Cette guerre aurait pu être rapide à deux conditions », explique-t-il. « Premièrement, que l’opération de Monsieur Poutine ait réussi. S’il avait réussi à poser ses avions sur l’aéroport Antonov, il aurait lancé son opération de saisie de Kiev… Sauf que cela ne s’est pas passé ainsi. La deuxième possibilité eût été que l’offensive du nord rejoigne l’offensive venant de la mer d’Azov, juste pour isoler la partie Est et l’armée ukrainienne qui y est. Mais ce n’est pas cela qui se passe. On est donc bien dans une guerre qui est en train de chercher à saisir le territoire pour lui-même ». (in Maxime Martinez, RMC)
Des négociations sont certes en cours. Or, pendant celles-ci, les combats ne s’arrêtent pas. Chacun des protagonistes cherche à accroître et à améliorer ses positions.
Les Ukrainiens reprennent des forces
Pourtant, l’Otan n’est pas à la hauteur. Point d’envoi de troupes de secours. Et les sanctions prises par l’Occident (USA, Union européenne et autres), présentées comme des armes de dissuasion, n’ont pas eu d’effet. Bien qu’elles ruinent l’économie russe et affectent l’économie mondiale.
Les Ukrainiens, quant à eux, réalisent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes. Le scénario de la « guerre éclair » s’éloigne, bel et bien.
Les négociations sont toujours à l’ordre du jour
« La Russie est ouverte au dialogue avec la partie ukrainienne, ainsi qu’avec tous ceux qui veulent la paix en Ukraine. Mais à condition que toutes les exigences russes soient satisfaites », affirme le président russe. Et ce, dans un entretien avec le chancelier allemand Olaf Scholz, le 4 mars.
D’ailleurs, dans la poursuite de l’escalade russe, Poutine menace de représailles toute tentative de contrer militairement son offensive. D’autre part, il affirmait, dimanche 27 février, qu’il envisage même, l’emploi d’une arme nucléaire tactique en rasant une ville.
La guerre va-t-elle changer de nature?
« Nous étions dans une guerre de type conventionnelle, nous sommes maintenant sous le risque d’une guerre thermo-nucléaire », poursuit Vincent Desportes (op. cité). Le président russe ne jouerait-il pas plutôt la carte nucléaire dans une partie de poker menteur face à l’Otan ?
Alors, quelles sont les exigences du président russe? Moscou réclame notamment un statut « neutre et non nucléaire » pour l’Ukraine et sa démilitarisation. Ce que Kiev, qui cherche à adhérer à l’Union européenne et à l’Otan, juge inacceptable. Ultime menace, l’Ukraine pourrait perdre son « statut d’Etat » si elle continuait à refuser de céder aux exigences russes, affirme Vladimir Poutine.
De fait, le président russe qui considère la dislocation de l’URSS comme une grave erreur, souhaite étendre l’influence de la Fédération russe par une intégration d’alliance de certains de ses anciens alliés. Est-ce à dire qu’elle souhaite rétablir le rideau de fer?