Quel crédit accorder aux allégations russes sur d’éventuelles recherches biologiques dans des laboratoires d’Ukraine et que finance le Pentagone? Voici le dessous des cartes d’une affaire qui risque de déclencher une nouvelle guerre froide entre la Russie de Poutine et le camp occidental.
S’agit-il d’une nouvelle escalade dans la guerre psychologique que mène Moscou pour déstabiliser ce qui reste du régime ukrainien? Ou d’inquiétudes justifiées concernant l’existence d’armes biologiques dans les laboratoires d’Ukraine, qu’envahissent depuis 20 jours les chars du puissant voisin russe?
C’est en tout cas ce que laisse entendre le belligérant russe. Puisqu’il affirme être en possession de documents. Lesquels démontreraient « une tentative urgente d’effacer les preuves de programmes biologiques militaires » en Ukraine. Une telle information, si elle s’avérait authentique, est gravissime.
Accusations gravissimes
Car, à en croire le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova, la Russie dispose de documents. Lesquels prouvent que, le 24 février dernier, date de la pénétration des forces russes en territoire ukrainien, le ministère ukrainien de la Santé ordonnait la destruction d’échantillons de peste, de choléra, d’anthrax et d’autres agents pathogènes. Et ce, dans le but de dissimuler les preuves « de programmes biologiques militaires que finance le Pentagone ».
« L’objectif de ces recherches biologiques financées par le Pentagone en Ukraine était de créer un mécanisme de propagation furtive de pathogènes meurtriers ». Ainsi renchérit le porte-parole du ministère de la Défense russe, Igor Konachenkov.
Plus précisément, souligne la même source, les Américains prévoyaient de « mener des travaux sur les agents pathogènes d’oiseaux, de chauves-souris et de reptiles en Ukraine en 2022 ». Ainsi que sur la « possibilité de la propagation de la peste porcine africaine et de l’anthrax ».
Pour sa part, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, n’hésitait pas à soutenir que les Américains « mènent ces activités dans le plus grand secret ». Et qu’ils créent des laboratoires « tout au long du périmètre de la Russie et de la Chine ».
En bref, Moscou soupçonne fortement Washington de « sous-traiter » des laboratoires ukrainiens. Et ce, pour mener des expériences visant à produire des armes biologiques. Sachant que la Convention sur l’interdiction des armes biologiques, en vigueur depuis 1975, les prohibe dans le monde entier.
Bien entendu, Washington démentait fermement ces accusations; tout comme Kiev d’ailleurs. Preuve de la gravité de ce dossier explosif? Le Conseil de sécurité de l’ONU se réunira vendredi 18 mars, en urgence. Et ce, à la demande de la Russie, membre permanent du Conseil onusien et disposant de facto du droit de véto.
« Théories du complot » selon Washington
Pour sa part, rétorque la porte-parole de la Maison Blanche Jen Psaki, les accusations russes relèvent de « théories du complot ».
Les États-Unis, tout comme l’Ukraine, assurent que ces prétendus laboratoires destinés à produire des armes biologiques n’existent pas. « Tout cela est un stratagème évident de la part de la Russie pour tenter de justifier sa nouvelle attaque préméditée, non provoquée et injustifiée contre l’Ukraine ». C’est encore ce qu’écrit Jen Psaki dans un tweet.
C’est quoi l’arme biologique ?
Mais que signifie au juste l’arme biologique? Il s’agit selon les experts d’un moyen servant à affaiblir une armée ou une population. Et ce, par la propagation de maladies, qui peuvent parfois être mortelles. On la fabrique avec des germes, pathogènes ou d’autres organismes nuisibles. L’arme biologique peut être bactériologique ou virologique. Preuve de ses effets nocifs? Elle est classée comme une arme de destruction massive tant elle peut être dangereuse.
L’ex KGB, actuel FSB, maître de la désinformation
Reste en conclusion la question essentielle: quel crédit apporter aux accusations des Russes? Lesquels sont passés pour être des virtuoses dans l’art de la désinformation héritée de l’ère soviétique?
Souvenons-nous qu’en 2018 déjà, la Russie accusait déjà les États-Unis de mener secrètement des expérimentations biologiques; et ce, dans un laboratoire de Géorgie. A savoir, une autre ex-république soviétique qui, comme l’Ukraine, ambitionne de rejoindre l’Otan et l’Union européenne.
Aucune piste n’est à exclure
Enfin, il est sans doute établi que les États-Unis et l’Ukraine collaborent en matière de biologie. De même que Kiev dispose d’installations de recherche biologique financées et supervisées par les Américains. Pourquoi? Pour soutenir des projets d’évaluation des « risques de maladies liées aux oiseaux migrateurs survolant l’Ukraine », dixit l’ambassade américaine en Ukraine sur son site internet? Ou pour expérimenter dans des laboratoires en Ukraine des gènes pathogènes entrant dans la fabrication de l’arme biologique? Ainsi on sous-traite une arme de destruction massive en dehors du territoire américain et le tour est joué. Perfide.