Dans son premier rapport d’évaluation intitulé « Guerre en Ukraine : conséquences économiques et sociales et implications pour les politiques publiques », l’OCDE indique que l’invasion menée par la Russie a provoqué des dommages économiques qui se font déjà sentir dans le monde entier. Ils risquent de s’intensifier encore et remettre en cause la solidité de la reprise économique mondiale, après la pandémie de Covid-19.
Dans ce contexte d’incertitude, l’OCDE estime qu’à cause de ce conflit, la croissance économique mondiale perdra plus de 1 point de pourcentage. Tandis que l’inflation, déjà élevée au début de l’année, pourrait augmenter d’environ 2.5 points supplémentaires au total dans le monde.
Déjà les prix des matières premières ont fortement augmenté. À elles deux, la Russie et l’Ukraine totalisent un tiers environ des exportations mondiales de blé. De même qu’elles sont d’importants producteurs d’engrais et de métaux utilisés dans l’industrie, comme le nickel et le palladium.
Ainsi, des perturbations dans les approvisionnements de blé, de maïs et d’engrais risquent d’aggraver la faim et l’insécurité alimentaire à l’échelle mondiale. D’ailleurs, l’envolée des prix des métaux pourrait se répercuter sur un large éventail de secteurs. Tels que par exemple l’aéronautique, l’automobile et les semi-conducteurs.
La Russie assurant 16% environ des approvisionnements mondiaux en gaz naturel et 11% des livraisons de pétrole, les prix de l’énergie ont bondi de manière alarmante. L’Europe, en particulier, est fortement dépendante du gaz et du pétrole russes.
En Europe, les prix au comptant du gaz ont aujourd’hui plus que décuplé par rapport à leur niveau d’il y a un an. Tandis que les prix du pétrole ont quasiment doublé au cours de la même période. Ce choc va frapper de plein fouet les ménages et désorganiser la production de biens et de services dans le monde entier.
Agir de manière raisonnable
Lors de la présentation du rapport d’évaluation, le Secrétaire général de l’OCDE, M. Mathias Cormann, a déclaré: « La contraction de l’offre de matières premières causée par cette guerre aggrave les perturbations des chaînes d’approvisionnement déjà provoquées par la pandémie. Ce qui va probablement peser sur les consommateurs et les entreprises pendant quelque temps encore. En termes d’action publique et de réponse des marchés, il nous faut garder la tête froide. Nous devons agir de manière raisonnable, à court terme et à long terme ».
Pour sa part, Mme Laurence Boone, Secrétaire générale adjointe et Cheffe économiste de l’OCDE, déclarait: « […] Nous ne savons pas encore la tournure que prendront les événements. Mais ce que nous savons en revanche, c’est qu’ils vont nuire à la reprise mondiale et pousser l’inflation encore plus haut. »
Parmi les économies de marché émergentes, on prévoit un repli plus marqué pour les gros importateurs de matières premières. La hausse des prix des produits alimentaires et de l’énergie devrait y entraîner une inflation plus rapide que dans les économies avancées. La menace de pénuries de céréales, en particulier, souligne la nécessité de préserver la fluidité des échanges commerciaux.
Viser un bon ancrage des anticipations d’inflation
Selon l’OCDE, face à un tel choc d’offre, la politique monétaire devrait continuer de viser un bon ancrage des anticipations d’inflation. Et permettre, si nécessaire, d’intervenir pour assurer un bon fonctionnement des marchés financiers.
Et d’ajouter que des transferts monétaires temporaires ciblés sur les consommateurs vulnérables peuvent être un moyen efficace d’atténuer l’impact des hausses de prix de l’énergie. Selon l’OCDE, il existe d’autres mesures. Elles sont soit moins bien ciblées sur ceux qui sont réellement dans le besoin; soit provoquent des distorsions contreproductives. Une fois passée l’urgence immédiate, ces mesures devront être réexaminées.
D’après le rapport d’évaluation de l’OCDE, des mesures budgétaires judicieusement ciblées à hauteur d’environ 0.5 point de PIB pourraient permettre d’amortir sensiblement l’impact économique de la crise, sans alimenter outre mesure l’inflation.
Dans son rapport, l’OCDE souligne que la guerre a mis en lumière l’importance de réduire au minimum la dépendance à l’égard de la Russie pour certaines importations essentielles. Mais aussi de diversifier les sources d’énergie et d’accélérer la transition énergétique et l’abandon des combustibles fossiles. Tout en investissant davantage dans les énergies renouvelables.