Le rôle de l’ITES, à travers des études prospectives et stratégiques, est de percer le brouillard de la crise et de paver la voie pour le Président de la République. Et ce, quant aux enjeux stratégiques du présent et de l’avenir. En effet, la Tunisie doit être en mesure, sur la base de visions sectorielles (à titre illustratif, les trois transitions énergétique, écologique et numérique, la santé, l’éducation, la recherche et l’innovation, l’agriculture, etc.) de conceptualiser une grande stratégie. Laquelle définit la manœuvre stratégique vers une vision globale fédératrice et mobilisatrice. En mesure d’entraîner toutes les forces vives du pays vers un avenir souhaité et vertueux.
En ce sens, au sein de l’ITES, la recherche stratégique et prospective se tourne en premier lieu vers l’action présente, éclairée par un avenir souhaitable et réalisable. Il s’agit de se doter, via cette vision d’avenir, de capacités à manœuvrer et à saisir les opportunités, de souplesse, d’agilité et d’audace. Afin de rompre avec des modèles du passé devenus obsolètes et inopérants.
Or, la période actuelle se caractérise par une rupture inédite. Elle génère une accélération de l’histoire avec des effets exponentiels. Dessinant ainsi une nouvelle économie mondiale ou géoéconomie en gestation, rompant avec le passé. Il y aura un avant et un après. La crise de la Covid-19 étant considérée par les acteurs influents de la scène mondiale comme une fenêtre de tir ou opportunité à ne pas manquer. Et ce, afin de réinitialiser l’économie mondiale et les équilibres sociaux qui en découlent.
Les contours de cette nouvelle économie, ses fondamentaux et ses lignes directrices, demeurent encore flous. Alors, ils dictent un travail d’analyse approfondi et de compréhension des dynamiques affichées et masquées (non déclarées) la sous-tendant.
« Il y aura un avant et un après. La crise de la Covid-19 étant considérée par les acteurs influents de la scène mondiale comme une fenêtre de tir ou opportunité à ne pas manquer »
En ce sens, il convient d’anticiper ses effets sur les équilibres économiques tunisiens et les grandes tendances lourdes qui la caractériseront. Et quels seront les secteurs d’avenir qui seront mis en avant et les secteurs jugés obsolètes qui seront profondément bouleversés, voire qui risquent de disparaitre.
Au regard de ces développements, un sursaut salvateur s’impose dictant une rupture avec le passé.
En définitive, il s’agit pour la Tunisie de se positionner sur une trajectoire lui permettant de tirer le meilleur parti des grands bouleversements économiques et géopolitiques reconfigurant les équilibres mondiaux.
Nous ne pouvons pas nous permettre de demeurer prisonniers de schémas du passé ayant épuisé leurs vertus. Et de ce fait rater le virage de cette nouvelle économie mondiale portée par les acteurs les plus influents de la scène internationale. Et ce, qu’il s’agisse des multinationales, du FMI, de la Banque Mondiale, des Nations Unies, de l’UE, etc.
Un nouvel ordre mondial est donc en gestation. Afin de s’inscrire dans une dynamique vertueuse de sauvetage puis de relance de son économie, la Tunisie doit repenser sur de nouvelles bases. En « réinitialisant » son modèle de développement économique et social devenu obsolète et non adapté aux enjeux de l’avenir. La Tunisie doit s’inscrire dans cette nouvelle modernité. Laquelle est marquée principalement par l’interaction entre les trois transitions. A savoir: la transition énergétique, la transition écologique et la transition numérique et digitale.
Cette étude, publiée en partenariat avec la Konrad Adenauer Stiftung (KAS), porte sur la transition énergétique et écologique en Tunisie à l’horizon 2050. Elle était initiée, il y a six mois, et s’inscrit au cœur de cette préoccupation.
« La Tunisie doit repenser sur de nouvelles bases et « réinitialiser » son modèle de développement économique et social devenu obsolète et non adapté aux enjeux de l’avenir »
En définissant une vision souhaitable et réalisable à l’horizon 2050 et la stratégie permettant sa réalisation suivant trois temporalités, 2025, 2030 et 2050, cette étude a pour vocation de contribuer à l’élaboration du nouveau modèle de développement économique et social de la Tunisie (économie durable, verte, inclusive, circulaire, plus équitable et plus juste, etc.). En capitalisant sur nos forces et en constituant un incubateur de projets d’avenir fortement mobilisateurs d’investissements étrangers. Car s’inscrivant au sein des nouvelles préoccupations des bailleurs de fonds.
Les auteurs, après avoir réalisé une étude rétrospective, dressent un diagnostic détaillé de la situation présente quant aux transitions énergétique et écologique en Tunisie. En identifiant les entraves, retards, inerties, facteurs de blocage; et inversement forces motrices pouvant induire une accélération de ces deux transitions.
Sur cette base, ils identifient les variables motrices conditionnant leur évolution suivant trois temporalités (2025, 2030 et 2050) et construisent quatre scénarios à l’horizon 2050. Deux scénarios sont considérés comme extrêmes: un scénario de rupture positive (idéal) dit « L’envol de l’Aigle » qui vise à atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050. Et un scénario de rupture négative dit « Le Dodo Nord-Africain » qu’il convient d’éviter absolument.
Parallèlement, sont développés deux autres scénarios intermédiaires. Un scénario tendanciel, à éviter également, dit « Le vol du faucon blessé ». Et un scénario souhaitable, tout à fait pragmatique et réalisable dit « L’envol du faucon ».
C’est la vision à atteindre à l’horizon 2050. Tous ces scénarios sont décrits de manière approfondie avec des objectifs quantitatifs et qualitatifs à atteindre en termes de transition énergétique et écologique.
Alors, la vision à réaliser à l’horizon 2050 est le fruit d’une combinaison entre le scénario idéal et le scénario souhaitable et réalisable. Ainsi, une fois les objectifs stratégiques à atteindre définis par les auteurs, la manœuvre stratégique déclinée en plan d’actions permettant leur réalisation est formalisée.
« Cette étude a pour vocation de contribuer à l’élaboration du nouveau modèle de développement économique et social de la Tunisie »
Quant à la stratégie, les auteurs soulignent: « Deux précautions nécessitent d’être prises en considération pour une lecture adéquate de l’étude:
- La première concerne les incertitudes fortes sur les évolutions technologiques au-delà d’une décennie.
L’accélération du changement technologique, avec l’émergence des technologies exponentielles, pourrait conduire à des ruptures fortes en matière de paradigme- y compris dans le secteur énergétique. Ainsi, le plan d’action proposé s’insère et se réfère aux technologies matures et celles avec un avenir prévisible.
Les technologies de rupture au-delà de 2035 pourraient changer la donne et seraient prises en compte au moment de l’actualisation de ce plan d’actions. Ainsi, la variable technologique implique une mise à jour régulière de ce plan d’actions.
- La seconde concerne l’ordonnancement des mesures et des actions. En effet, le plan d’actions pourrait être conduit de manière progressive. En mettant les mesures urgentes avant de passer aux mesures moins urgentes, ou être conduit simultanément pour provoquer un choc fort sur l’économie démontrant une volonté de rupture avec l’ancien modèle de développement. Ce plan d’action propose de restructurer l’existant dans un tout cohérent permettant la réalisation de la transition énergétique et écologique.
L’objectif ultime de la stratégie vise à améliorer le niveau et la qualité de vie des citoyens, grâce à la transition énergétique et écologique du pays.
« Les technologies de rupture au-delà de 2035 pourraient changer la donne et seraient prises en compte au moment de l’actualisation de ce plan d’actions »
En définitive, la stratégie est composée de deux composantes (la transition énergétique est réalisée permettant de répondre aux besoins de l’économie tunisienne et aux engagements internationaux et une économie sobre en carbone, résiliente et préservant les ressources naturelles est mise en place) déclinées en douze (12) piliers et quarante (40) actions opérationnelles.
Quant à l’implémentation de cette stratégie, les auteurs soulignent: « Une cellule interministérielle est nécessaire pour le suivi et l’évaluation continue de cette stratégie. Cette cellule pourrait être rattachée à la Présidence du Gouvernement ou être indépendante. Dans tous les cas, un suivi régulier des actions de corrections doit être adopté de manière dynamique pour ajuster la marche vers la réalisation des objectifs stratégiques fixés ».
Cette étude construisant une vision et établissant une stratégie pour sa matérialisation à l’horizon 2050 est un point de départ ouvert à la discussion et au débat, afin de l’enrichir. L’ITES, profondément attaché à l’approche inclusive et participative, va œuvrer, en impliquant l’ensemble des forces vives du pays, à son appropriation et implémentation.
L’étude est téléchargeable sous trois formats (Executive summary, Vision et plan d’actions et étude prospective complète) sur le site électronique de l’ITES, sur le lien suivant: https://www.ites.tn/news/6232fc201aec643c30de515f