Le SG de l’UGTT, Noureddine Taboubi hausse le ton. Non à la réduction de la Caisse de compensation. Pas touche aux entreprises publiques! Non à la baisse de la masse salariale dans la fonction publique. Une tactique destinée à peser sur les futures négociations avec le gouvernement Bouden?
Certes, ce n’est point confortable d’être assis entre deux chaises. En effet, tiraillé entre son devoir de patriote- sachant en son fort intérieur que les réformes exigées par le FMI sont douloureuses mais inéluctables- et son statut de défenseur de la classe ouvrière, le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, a passé hier mercredi 16 mars une terrible journée. Puisqu’il devait rencontrer dans la matinée le nouveau représentant du FMI en Tunisie, Marc Gérard. Celui-ci est chargé de superviser les négociations pour la conclusion d’aides financières à la Tunisie. Avant de présider dans la foulée une réunion au Palais des Congrès ,en présence des professionnels du secteur du transport. Un exercice de haute voltige!
Une tête des mauvais jours
On ne saura pas grande chose sur le contenu des entretiens entre les deux hommes. Mais tout le monde aura remarqué le visage fermé du patron de la centrale syndicale; et ce, sur la photo du communiqué émanant de l’UGTT.
A-t-il tracé les « lignes rouges » que son organisation ne saurait accepter? Rien n’a filtré à l’exception d’un communiqué laconique. Lequel indiquait que les deux hommes ont évoqué la conjoncture socio-économique en Tunisie et dans le monde. Tiens, on était enclin à penser qu’ils allaient parler de la pluie et du beau temps. Et pourquoi pas du triplé de Karim Benzema contre le PSG?
Le triple niet de Taboubi
Cependant, la réponse à ces questions fusa devant la salle surchauffée du Palais des congrès. A savoir: un non ferme aux réformes « douloureuses » préconisées par les bailleurs de fonds. Lesquelles portent notamment sur: la Caisse de compensation; les entreprises publiques; la baisse de la masse salariale dans la fonction publique; et la réforme fiscale.
Alors même que le gouvernement cherche désespérément à obtenir environ quatre milliards de dollars pour boucler le budget et éviter ainsi une grave crise des finances publiques. Ces dernières étant déjà plombées par la guerre en Ukraine, l’envolée des produits de base et énergétiques; ainsi que leur impact sur l’enveloppe réservée à la subvention.
« Les entreprises publiques ne sont pas à vendre et le secteur public est une ligne rouge. Quant aux réformes douloureuses, vous avez intérêt à les oublier ». C’est ce que déclarait un Taboubi visiblement en transe. Appelant même à des augmentations des salaires en 2022 et 2023. Selon lui, cette revendication se justifie par « la détérioration du pouvoir d’achat des employés et l’augmentation des prix. En plus du taux élevé du chômage enregistré dans le pays qui a atteint environ 20% ».
« Les réformes, parlons-en, nous avons une vision globale et profonde des réformes à prendre. Et ce, sur la base de la justice fiscale ». Ainsi martelait-il encore, dans son premier discours depuis qu’il a été réélu à la tête de la centrale syndicale.
Menaces
Haussant le ton, le patron de l’organisation syndicale qui sait parfaitement que les bailleurs de fonds internationaux exigent la bénédiction de l’UGTT sur les réformes à prendre, affirme compter « sur plus d’un million de membres ». Lesquels, dans le passé « ont réussi à paralyser l’économie par des grèves. Obligeant les gouvernements successifs à abandonner leurs politiques précédentes ». La menace adressée au gouvernement Bouden est à peine voilée.
Il faut raison garder
A-t-il compris que, mu par l’ambiance survoltée de la salle, il a poussé très loin le bouchon en tenant des propos excessifs? Toujours est-il que le tribun revenait à un ton plutôt conciliant. « Il est important de prendre en considération la spécificité de la situation actuelle. Et ce, pour pouvoir surmonter les difficultés et les défis auxquels fait face la Tunisie. Ensemble, nous trouverons des solutions ».
Enfin, des paroles de bon sens. Tout ce qui est excessif est insignifiant, dixit Talleyrand. N’est-ce pas Si Noureddine?