Les répercussions de la note souveraine accordée à la Tunisie par l’agence de notation de Fitch Ratings dénotent d’une grande crise économique qui pointe à l’horizon. Quel constat peut-on faire?
Ezzedine Saïdane expert en économie souligne dans une déclaration à leconomistemaghrebin.com: « Pour commencer, il faut rappeler qu’il s’agit de la 9ème révision à la baisse de la notation souveraine de la Tunisie. »
Tout comme il rappelle que l’agence de Moody’s a abaissé la note souveraine de la Tunisie en octobre 2021 de “B3” à “Caa1″ avec une perspective négative. Ce qui la classe dans la liste des pays appartenant à la catégorie « Risque élevé » de non remboursement de la dette.
Il ajoute: « La note C est considérée comme un pays à risque élevé. Et ceci veut dire qu’on ne peut plus accéder au marché financier à l’international. Tout en sachant que la loi de finances 2022 a été bâti sur la base d’une seule hypothèse. A savoir, arriver à un accord avec le FMI. Et si on lit le dernier rapport de Fitch Ratings, il annonce clairement qu’il y a un doute sur la capacité de la Tunisie à trouver un accord avec le FMI ».
En outre, Ezzedine Saïdane met également l’accent sur les conséquence de la perspective négative. Il estime que si les choses restent comme elles sont, et si la Tunisie ne s’engage pas réellement à la mise en œuvre des réformes profondes, la prochaine révision serait de nouveau à la baisse.
« Ce qui veut dire que le pays sera à genou financièrement, et le passage par le Club de Paris deviendrait une nécessité », poursuit-il.
Avant d’ajouter: « Il paraît que le FMI aurait mis cette condition. En d’autres termes, aller d’abord discuter avec vos créanciers bilatéraux ».
Pour revenir aux réformes
En outre, M. Saïdane revient sur la nécessité de la mise en place des réformes. Tout en déclarant: « Contrairement à ce qui se raconte, le FMI n’a jamais imposé les conditions des réformes. Si on revient aux années 2013, 2016, ou encore en 2020, ce sont aux mêmes promesses de réformes que la Tunisie s’est engagée auprès des bailleurs de fonds. Personne ne lui a dicté la nécessité de faire des réformes. Ce qui a poussé à ce jour, les mêmes bailleurs de fonds à ne pas faire confiance à la Tunisie. En un sens, il faut reconstruire de nouveau cette confiance. »
Et de conclure: « Nous sommes dans une situation difficile aujourd’hui, l’Etat n’a pas payé ses dettes. A savoir, il y avait trois échéances le 2, 9 et 11 février 2022. Et ce, vis à vis du secteur bancaire local, des compagnies d’assurance et des marchés financiers. Elles ont été reportées pour certaines en 2033. »