La célébration du 40ème jour du décès d’Ali Baklouti, journaliste et directeur des deux journaux régionaux, « La Gazette du Sud » (1975) et « Chams Al Janoub » (1980) a vu la participation d’un certain nombre de personnes qui ont fait un bout de chemin avec le défunt. L’occasion d’évoquer la situation de la presse écrite régionale en Tunisie. Une presse qui passe par une crise.
La foire de Sfax a accueilli, le 19 mars 2022, une rencontre au sujet « Des défis de la presse régionale à l’heure des mutations numériques ». Et ce, à l’occasion de la célébration du 40ème jour du décès d’Ali Baklouti, journaliste et directeur des deux journaux régionaux, « La Gazette du Sud » (1975) et « Chams Al Janoub » (1980).
Une rencontre qui a vu la participation d’un certain nombre de personnes qui ont fait un bout de chemin avec le défunt (militants politiques et associatifs, responsables, universitaires, journalistes, etc.).
Une rencontre qui ne pouvait ne pas s’intéresser, à travers notamment des témoignages, au parcours d’Ali Baklouti. Beaucoup de ces témoignages ont mis notamment en évidence que le défunt a fait partie d’une génération d’autodidactes qui ont appris le journalisme sur le tas.
Instituteur, puis professeur de l’enseignement secondaire, Ali Baklouti a commencé par être correspondant à Sfax des journaux du parti Socialiste Destourien (PSD), L’Action et Al Amal, entre 1960 et 1974.
Avant de lancer La Gazette du Sud. Un hebdomadaire de langue française. Entourée d’une équipe de jeunes, pour l’essentiel autodidacte, comme Mohamed Ksouda, qui a lancé quant à lui la « Voix du Centre » (Sousse), Mohamed Horchani, patron du « Miroir du Centre » (Sidi Bouzid) ou encore Lotfi Jeriri, qui a créé « Al Jazira » (Jerba). Il était au four et au moulin. Rédaction des articles, réalisation de la maquette, établissement des comptes des résultats: il a appris à tout faire et tout seul.
Un réel dommage
Le débat ne pouvait ne pas porter sur la presse régionale qui vit depuis 2011 une crise profonde. L’Etat a décidé de se désengager du secteur des médias. Il a occasionné un réel dommage en ne faisant plus bénéficier la presse écrite régionale de trois formes d’aides: une aide spécifique servie par l’ancien ministère de l’information, qui a évidemment disparu des radars de la révolution de 2011; des annonces publicitaires; et des abonnements.
Obligeant nombre de journaux régionaux à rendre, pour ainsi dire, le tablier. Ali Baklouti a souffert le martyr de ce nouvel ordre révolutionnaire. Pourtant le principe des aides de l’Etat à la presse est inscrite dans la constitution. En effet, l’article 31 de la Constitution de 2014 dit clairement que l’Etat doit garantir « les libertés d’opinion, de pensée, d’expression, d’information et de publication ».
Peut-on les garantir sans permettre aux journaux régionaux qui favorisent l’expression d’entités territoriales de continuer leur petit bonheur de chemin?
« La Gazette du Sud » et « Chams Al Janoub » ont aujourd’hui décidé d’aller vers le digital. Ils ont été repris par le fils du défunt, Anis Baklouti, qui a fait, à son tour, un petit bout de chemin avec son père pendant de longues années.