Vladimir Poutine a décidé que le gaz russe ne serait vendu aux pays occidentaux qu’en roubles. Une décision qui renforce la valeur de la monnaie nationale et qui pourrait entraîner une nouvelle augmentation du prix de l’énergie. Le président Poutine a annoncé, en conseil des ministres, que cette décision touchera tous les « Etats hostiles au rouble ». Garantissant toutefois que Moscou « continuera » à assurer l’approvisionnement « sur la base des volumes et des prix, principes de tarification établis dans les contrats conclus auparavant ». C’est ce que rapporte l’agence de presse russe Tass.
Vladimir Poutine a en effet ordonné au gouvernement de publier une directive qui oblige Gazprom, la multinationale principalement active dans l’extraction de gaz naturel, à convertir en roubles les contrats d’approvisionnement avec les « pays hostiles ».
La Russie, a déclaré le chef du Kremlin, continuera à fournir du gaz « sur la base des volumes et selon les principes de tarification stipulés dans les contrats ». Selon le président russe, rapporte le site Internet Kommersant, fournir des biens russes à l’UE et aux États-Unis et recevoir des paiements en dollars et en euros « n’a aucun sens pour nous ». Après la nouvelle, le rouble a repris de la valeur à la Bourse de Moscou.
La mesure s’appliquera aux États-Unis, au Royaume-Uni et à tous les membres de l’Union européenne. Dmitry Polevoy, économiste chez Locko Invest basé à Moscou, a expliqué qu’en 2021 ces États ont acheté environ 70% du gaz exporté par Gazprom, pour un montant de 69 milliards de dollars.
Selon Polevoy, toute modification des procédures de paiement pourrait « affecter temporairement » les volumes d’exportation de gaz de la Russie. La démarche de Poutine vise donc clairement à renforcer la valeur de la monnaie nationale (et donc à affaiblir le poids des sanctions). Mais elle risque en même temps de conduire à une nouvelle hausse du prix de l’énergie.
Idem pour le pétrole
Cette contre-mesure de Poutine cause plus que quelques inquiétudes en Occident. Ainsi, Claus Vistesen, économiste en chef de la zone euro chez Pantheon Macroeconomics, souligne que « si le plan de Poutine passe par l’achat d’un baril de pétrole, il soutiendra aussi indirectement la monnaie russe, dont la valeur s’est littéralement effondrée après les sanctions imposées à Moscou. Ceux qui veulent du gaz auront en fait aussi les roubles pour le payer ».
Ce qui va se passer maintenant?
La chaîne de télévision Bloomberg explique que les contrats entre Gazprom et les « pays hostiles » devront être renégociés. Les États occidentaux succomberont-ils au chantage? Un haut diplomate de l’UE, s’adressant à France Presse, relevait qu' »un contrat est un contrat ». Et que donc Bruxelles n’attend aucun changement de ce point de vue. Mais « nous devrons voir dans les semaines à venir ce que cela signifie concrètement. « Avec la décision de Poutine, ce qui est certain c’est que les États membres de l’UE, qui dépendent du gaz russe pour 40% de leurs besoins, ne peuvent pas se permettre de manquer d’approvisionnement ».
Rappelons que fin janvier, environ 58% des ventes de gaz naturel du géant gazier russe Gazprom à l’Europe et à d’autres pays étaient réglées en euros. Au troisième trimestre de l’année dernière, 39% étaient en dollars américains.
Enfin, début mars, Moscou établissait une liste de 48 nations jugées hostiles. Elle comprend: tous les États membres de l’UE; les États-Unis; le Japon; la Suisse et la Norvège. Toutes ces nations qui devront désormais payer le gaz en roubles.