Le professeur de droit public Slim Laghmani a estimé que l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) peut assurer le rôle d’intermédiaire entre le président de la République et les partis politiques avec lesquels le président refuse de négocier.
Slim Laghmani était l’invité de l’émission Jaweb Hamza, aujourd’hui 27 mars sur les ondes de Mosaïque FM. Pour lui, si le président de la République accepte cette initiative, il est possible d’aboutir à une base pour une réforme politique rapide. Dans le même sillage, il rappelle que l’UGTT maîtrise l’art des négociations. D’ailleurs, l’intervenant rappelle que Kaïs Saïed avait refusé la main tendue de l’UGTT pour l’organisation d’un dialogue.
Le professeur considère que Kaïs Saïed a opté pour un processus en solitaire. Il n’exclut pas la possibilité du boycott des forces politiques du référendum et des prochaines élections. Slim Laghmani rappelle que la réussite de Kaïs Saïed lors des élections présidentielle est le résultat, entre autres, de la mobilisation de quelques partis politiques qui ont appelé leurs partisans à voter pour lui.
Rupture
L’intervenant affirme que le boycott des élections et du référendum n’empêchera pas leur organisation mais « il réduira un élément important pour le président à savoir sa légitimité ». Si le président continu sur le chemin de l’isolement, il approfondira la crise de légitimité, étaye-t-il.
D’ailleurs, Slim laghmani affirme que la loi ne parle pas d’un taux minimum ou d’un pourcentage minimum de participation aux élections. Ainsi, le président de la République peut considérer que les élections ont réussi au détriment du taux de participation. Revenant sur la consultation nationale, le juriste affirme que son objectif est de justifier le texte qui sera soumis au référendum.
Revenant sur la notion de la démocratie, l’intervenant affirme que les partis majoritaires avant le 25 juillet à savoir mouvement Ennahdha et Nidaa Tounes ont instrumentalisé la démocratie pour accéder au pouvoir et y rester. Il pointe du doigt une rupture entre les appareils de l’Etat et le citoyen. Cette rupture se manifeste par le désintérêt des Tunisiens de participer à la chose publique. Tout en soulignant l’importance de la démocratie représentative, il souligne l’importance de la réviser.
Revenant sur la constitution de 2014, il estime qu’elle a été élaborée par des politiciens et non pas par des juristes. « Leur objectif était d’assiéger le président de la République », lance-t-il.
Répondant à une question qui porte sur sa participation à la Commission des libertés individuelles et de l’égalité (Colibe), le juriste indique que l’ex-président de la République Béji Caïd Essebsi n’avait en tête que d’instaurer l’égalité en héritage entre l’homme et la femme mais le contexte politique ne lui était pas favorable. Pour l’intervenant, BCE voulait réaliser ce que Bourguiba n’a pas pu réaliser.