Depuis que la BCT a décidé de mettre des restrictions à la distribution de dividendes par les établissements de crédit, le marché actions vacille. Cette période est censée être la plus dynamique de l’année avec des prises fermes de positions en vue d’encaisser ce rendement annuel.
Au cœur de cette stratégie, nous retrouvons les banques et les compagnies de leasing qui affichent déjà des résultats 2021 prometteurs. Les premières propositions de dividendes montrent aussi la volonté des Conseils d’administration de bien rémunérer leurs actionnaires après deux années de haute volatilité.
Imposer un ratio Tier I qui dépasse le minimum de 2,5% post distribution de dividendes et plafonner le montant à 35% des bénéficies a semé les doutes. Les actionnaires, qui comptaient mettre de la pression sur le management lors des Assemblées Générales, n’auront plus de marge de manœuvre. Les dirigeants vont tout simplement accepter toutes les remarques en rappelant gentiment que les règles du jeu sont fixées le régulateur.
Toutefois, ils auront du mal à justifier les montants des jetons de présence puisqu’il est attendu que les actionnaires individuels vont imposer un parallélisme des traitements : ils sont privés d’un dividende généreux, le management doit accepter des jetons plus faibles.
Actionnaires passifs
En même temps, ces mêmes actionnaires n’ont jamais manifesté un vrai soutien aux banques dans lesquelles ils détiennent des actions. Ces dernières années, toute annonce d’augmentation de capital en numéraire a été accompagnée par une chute du cours.
Tous les établissements de crédit veulent se recapitaliser, mais le noyau dur du tour de table de chacun d’entre eux ne peut pas assurer à lui seul une telle opération. Même si la loi considère que la souscription de 75% d’une augmentation de capital signifie qu’elle est valide, cela risque d’envoyer au marché un très mauvais message.
Si les banques trouvent un tel soutien financier, elles pourront réaliser de meilleurs résultats, afficher des ratios prudentiels plus élevés et distribuer plus de dividendes.
Rémunération alternative
Les établissements de crédit peuvent adopter une distribution d’actions gratuites. Elles peuvent le faire et contourner cette décision de la BCT. C’est un mode de rémunération qui peut être attractif et permet une plus-value de cession si le cours augmente.
Mais rien ne vaut le cash pour les actionnaires individuels. La déception actuelle reflète une réalité : les actionnaires sont à la base des opportunistes. Ils ne s’inscrivent pas dans un projet, mais cherchent plutôt à en tirer un maximum de profit et quitter la scène dès les premiers signes de faiblesse. Les institutionnels ne parviennent toujours pas à prendre le dessus.
Une telle décision de la BCT aurait été saluée par des investisseurs avertis car s’assurer d’un dividende stable et récurrent, avec un financement sain de l’économie vaut beaucoup mieux qu’une ou deux années de générosité puis une faillite.