La Tunisie vit depuis des mois une crise politique profonde. Depuis l’annonce du président de la République Kaïs Saïed du gel des travaux du Parlement jusqu’à la tenue des prochaines élections le 17 décembre 2022, plusieurs voix ont appelé la présidence de la République à dissoudre le Parlement et à aller vers des élections anticipées.
Alors que d’autres, en l’occurrence le mouvement Ennahdha et ses acolytes, insistent sur le retour du Parlement. Il semble que le bras de fer entre Kaïs Saïed et Rached Ghannouchi entraînera une crise sans issue, amenant ainsi le pays dans une situation fragile. Voilà qu’aux dernières nouvelles, le bureau de l’ARP, dont les travaux sont gelés, a l’intention d’organiser une séance plénière ce mercredi, et ce, dans le but de mettre un terme aux « mesures exceptionnelles ».
Cela dit, pour le cas d’aujourd’hui, nous ignorons qui parmi les députés participera à cette plénière. A titre d’exemple, Hichem Ajbouni, député du Courant démocrate, a fait savoir, dans une déclaration sur les ondes de Shems FM, qu’il n’a pas l’intention d’y participer tant que Rached Ghannouchi demeure le président du Parlement.
Il précise dans ce contexte: » Cette crise incombe directement à Rached Ghannouchi. Il est le seul responsable de ce qui nous arrive. Aujourd’hui, il y a urgence, il faut l’écarter de la présidence du Parlement. D’autant plus que l’ARP ne doit en aucun cas être la chasse gardée d’Ennahdha. »
Et de poursuivre: « Tout comme il est du devoir de Kaïs Saïed de comprendre que nous aussi, nous avons été élus par le peuple. 2.6 millions de Tunisiens ont voté pour des députés. Il n’y a pas que lui qui bénéficie d’une légitimité électorale. Et c’est à Kaïs Saïed d’écouter la voix de la sagesse ».
« Rached Ghannouchi est un homme malade du pouvoir »
De son côté, Zouhair Maghzaoui, secrétaire général du mouvement du Peuple, a affirmé lui aussi que son bloc parlementaire ne participera pas à la plénière d’aujourd’hui. Car il estime que Rached Ghannouchi est le seul responsable de cette crise. Et ce, en voulant créer une situation similaire à celle qui prévaut en Libye. Il déclare à ce sujet: « Rached Ghannouchi est un homme malade du pouvoir. » Tout comme il dénonce le laxisme de la présidence de la République qui a laissé les choses comme elles sont. Ce qui a ouvert la voie à Rached Ghannouchi pour revenir sur le devant de la scène.
Par ailleurs, le Parti des travailleurs a mis en garde contre les « risques d’un nouveau rapport de forces entre la présidence (Kaïs Saïed) et le parlement (Ghannouchi/Ennahdha) ». Ce qui pourrait entraîner une grave division du pouvoir et un danger pour l’avenir, déstabilisant en effet l’unité et la sécurité du pays.
Au-delà de la crise déjà existante qui semble perdurer, plusieurs voix appellent à la dissolution du Parlement et à aller vers des élections législatives anticipées. Ce sont les appels lancés également par le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, et Abir Moussi, la présidente du PDL.
De son côté, Abir Moussi avait indiqué à maintes reprises que son parti n’a nullement l’intention de participer à cette réunion considérée comme étant « illégale ».
En somme, la décision revient au président de la République d’intervenir pour dissoudre le Parlement si on veut retrouver une certaine stabilité politique dans le pays. La question essentielle est: prendra-t-il de nouvelles mesures?