Selon une étude, réalisée conjointement par Avocats sans Frontières (ASF), le Forum tunisien des droits économiques et sociaux (FTDES) et l’Association d’études juridiques sur l’immigration (ASGI) dans le cadre de leur action conjointe Harga, « Garantir l’accès à la justice aux citoyen.ne.s tunisien.ne.s victimes de rapatriement forcé d’Italie », la Tunisie reste la principale destination de rapatriement pour 73,5% immigrés rapatriés depuis l’Italie.
L’étude révèle que 1 922 Tunisiens ont été rapatriés d’Italie en 2020 et 1 872 en 2021. Depuis le printemps 2020, la Tunisie a enregistré un nombre exceptionnel de départs de ses ressortissant.e.s vers l’Italie.
En effet, les données officielles du gouvernement italien indiquent une augmentation de 149% d’arrivées sur les côtes italiennes par rapport à 2018, et de 385% par rapport à 2019. Ce qui fait des Tunisien.ne.s la principale nationalité de migrant.e.s arrivant en Italie par la mer depuis l’Afrique du Nord (soit 38% du total des arrivées)
Selon le FTDES, l’un des premiers obstacles à l’égard des Tunisien.ne.s tout au long du processus migratoire en Italie est souvent lié à des informations absentes ou partielles. 89% des répondants détenus au sein du Centres de Permanence pour le Rapatriement (CPR) n’auraient pas été informés des motifs de leur détention. 80% ne se voient délivrer aucun document par les autorités italiennes lors de leur rapatriement. 70% déclarent n’avoir pas reçu des informations sur la protection internationale. La limitation de l’accès à l’information aux migrant.e.s est devenue la pratique adoptée pour empêcher les personnes de faire valoir leurs droits et ainsi accélérer les mesures de rapatriement.
Conditions mauvaises, insécurité, violence…
« Non seulement la légitimité des lieux de détention est défaillante d’un point de vue juridique, mais les conditions décrites par les répondants sont souvent mauvaises. Au sein des CPR, 52,9% ont déclaré ne pas avoir pu disposer d’un lit ou d’une banquette, ainsi que d’un matelas et une couverture propre. 56,8% ont affirmé ne pas avoir reçu de manière régulière des kits de toilette et d’hygiène, ainsi que des vêtements propres. 68,6% ont déclaré que la nourriture n’était pas suffisante », ajoute le FTDES.
De plus, le sentiment d’insécurité au sein de ces structures est très fort chez les répondants. 70,5% affirment ne pas se sentir en sécurité au sein des CPR, tout comme les épisodes de violence. 88,2% ont été victimes d’une maltraitance à l’intérieur du CPR. Dans la majorité des cas (82,3%), ces maltraitances étaient occasionnées par des agents du centre.
L’étude ne présente que la partie émergée de l’iceberg de la gestion migratoire. Elle montre que l’approche actuelle de la migration évolue dans une direction de plus en plus sécuritaire.