L’Allemagne a activé aujourd’hui le premier niveau du plan d’urgence destiné à garantir l’approvisionnement en gaz naturel, contre le risque d’arrêt des approvisionnements russes. L’annonce a immédiatement fait grimper les prix de l’essence à la bourse d’Amsterdam. Alors que les experts économiques du gouvernement ont publiquement appelé les citoyens « à moins consommer ».
La décision d’activer le plan d’urgence relatif au gaz, prévu par un règlement européen de 2017, a été communiquée par le ministre de l’Economie, Robert Habeck. « Désormais, une cellule de crise au sein du ministère » supervisera la situation. Le plan d’urgence comprend trois niveaux et pour le moment la « sécurité d’approvisionnement » est garantie en Allemagne, a expliqué M. Habeck.
Position de Poutine
De son côté, Poutine a annoncé la semaine dernière que la Russie fournirait du gaz à l’Allemagne et à d’autres « États hostiles ». Et ce, uniquement contre paiement en roubles, afin de soutenir la monnaie russe sous pression. Cependant, les contrats sont conclus en euros et en dollars. Et le G7 et l’Union européenne dans son ensemble refusent les paiements en roubles.
« Poutine tente à nouveau de contourner les sanctions en exigeant des paiements en roubles. Cela a été empêché par une décision du G7, il y a quelques jours. Nous n’accepterons pas une rupture de contrats d’approvisionnement privés. Et je suis heureux que les entreprises laient la même vision ». Ainsi déclarait le ministre de l’Économie lors d’une conférence de presse.
Le risque de récession
A Berlin, les tensions sur le gaz russe, dont l’Allemagne est le premier importateur de l’UE devant l’Italie, font planer le spectre d’une nouvelle crise économique profonde.
Selon le Conseil des experts économiques, connu sous le nom de « Conseil des sages », qui conseille traditionnellement le gouvernement et le parlement allemands, il existe un risque « substantiel » de récession en Allemagne en raison de la guerre en Ukraine. Le Conseil s’attend à une croissance du PIB de 1,8% cette année et de 3,6% l’année prochaine. En novembre, le Conseil tablait toujours sur une croissance de 4,6% en 2022.
S’il devait également y avoir un blocus des importations énergétiques russes ou un embargo de l’Occident, le développement économique allemand connaîtrait de nouvelles difficultés. Car, « l’Allemagne est fortement dépendante des approvisionnements énergétiques russes. L’arrêt de ces approvisionnements comporte le risque que l’économie allemande glisse dans une récession plus profonde et que l’inflation augmente encore plus ». C’est ce qu’estimait pour sa part Monika Schnitzer, membre du Conseil des experts bon marché.
D’ailleurs, Berlin a déjà annoncé une série d’accords pour augmenter les approvisionnements alternatifs. De même qu’elle a commencé la construction de deux terminaux de gaz naturel liquéfié. Mais il faudra du temps pour disposer d’approvisionnements suffisants pour répondre à l’éventuel arrêt des gazoducs en provenance de Russie.
Les citoyens doivent consommer moins
C’est également pour cette raison que Mme Schnitzer elle-même a appelé les citoyens à faire leur part face au risque d’une crise de l’approvisionnement en gaz. « Les gens devraient désormais consommer moins », a-t-elle déclaré.
Pour réduire la dépendance vis-à-vis des importations russes d’énergie, les experts économiques ont donc appelé les consommateurs à économiser l’énergie. Des exemples seraient: d’utiliser la voiture avec plus de personnes; de conduire plus lentement; et, si possible, d’utiliser les transports en commun.
La collègue de Mme Schnitzer, Veronika Grimm, affirmait qu’il était important d’envoyer des signaux montrant qu’en cas de coupure de l’approvisionnement énergétique russe, il pourrait y avoir une situation critique. Par exemple, un signal pourrait être l’introduction d’une limite de vitesse générale sur les autoroutes. C’est une mesure déjà avancée par l’Agence internationale de l’énergie. En effet, cette dernière a présenté, il y a quelques jours, un manuel des bonnes pratiques. Lequel, s’il est adopté par les gouvernements et les citoyens, pourrait réduire considérablement la consommation d’énergie.