Jalel Kadri est un pur produit de la société tunisienne. Il naît dans une cité de cette Tunisie profonde. Cette Tunisie de l’intérieur qui croit dur comme fer que son pays est uni et indivisible. Un citoyen que formait l’école de la République où il apprenait que l’ascenseur social peut fonctionner.
Personne ne l’a vu, pour ainsi dire, venir. Second adjoint du coach national, il y a un an, Jalel Kadri vient d’être propulsé aux devants de la scène footballistique nationale. Il est depuis l’objet d’une admiration de tout le peuple. Ce dernier croyant qu’il est, en grande partie, à l’origine de la qualification à la phase finale de la Coupe du monde Qatar 2022. Un héros qui est un pur produit d’une Tunisie qui gagne. Et ce, en usant des seuls moyens de bord qu’il a su domestiquer pour faire jaillir un succès bien mérité.
Ainsi, Jalel Kadri est un enfant de cette Tunisie profonde. Celle qui se situe loin des grands centres cossus de la capitale ou des régions dites favorisées de la côte. Né à Tozeur, dans cette cité du Jérid, qui respire elle aussi le football, il s’est construit pas à pas. Une cité qui a toujours cru à une Tunisie unie et indivisible, fière d’elle et conquérante. Et que tout le monde découvre très vite à lecture des poèmes de l’un de ses Héraults, Abou Al Kassem Al Chebbi, que les amateurs de belles lettres confondent avec notre pays.
Son cri du cœur, le 25 mars 2022, popularisé par les réseaux sociaux, à l’adresse des joueurs dans les vestiaires du stade du 26 mars 1991, à Bamako, ne sera pas oublié de sitôt. Lorsqu’il leur a dit: « Vous n’êtes pas des joueurs, mais des soldats. Douze millions de Tunisiens attendent la victoire. Et je sais que vous en êtes capables ».
Se hisser à la force du poignet
Ses dons de communicateur qui lui valurent la confiance et la sympathie des Tunisiens, le conduisent à parler en français. Sachant pertinemment que nombre de joueurs tunisiens sont nés et ont vécu à l’étranger. Il fait le meilleur usage de la communication envers la presse. Comme lorsqu’il apporte une réponse digne de celle du berger à la bergère à un journaliste qui voulait rabaisser le onze national. Et ce, à la veille de la rencontre face au Nigéria, le 23 janvier 2022, à la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2022. Apportant la preuve que la communication est un outil précieux qu’il faut savoir manier.
Né dans les années soixante-dix, il est un de ceux qui ont appris très tôt que l’école de la République était un ascenseur social. Un ascenseur auquel il a cru, mais aussi auquel il s’est accroché. Une école de la République qui lui a appris que l’on peut donc se hisser très haut à la force du poignet.
Multipliant les expériences d’entraineur dans de nombreux clubs, il persévère, patient et engagé totalement dans son métier. En sachant que la chance, qui ne vient jamais sans travail, lui sourira un jour. A S Djerba, E G Gafsa, A S Kasserine, J S kairouanaise, etc. Il est de nombreux clubs tunisiens. Avec des passages à l’étranger: Al- Nacr F C (Liban), Al Nahdha Club (Arabie Saoudite), Al Ahli S C (Libye)…
Un succès à portée de main
Des expériences qui lui font découvrir des écosystèmes différents et ne font que l’aguerrir. Deuxième adjoint de Mondher Kebaier, en 2021, le départ d’Adel Sellimi, en décembre 2021, lui permet de devenir le premier adjoint du sélectionneur national. Et le limogeage de Mondher Kebaier, en janvier 2022, après une cuisante défaite à la CAN (Coupe d’Afrique des Nations) 2022 contre le Burkina Faso, lui ouvre les portes d’un futur succès.
Désormais en tant que coach de l’équipe de Tunisie, il s’attelle à la tâche avec le sérieux qu’on lui connaît et le sens de la disciple. Il ne tire, à ce propos, jamais la couverture à lui. Tout installé qu’il est dans l’idée que le succès est collectif. A cet égard, tous les Tunisiens n’oublieront pas de sitôt cette réponse à un journaliste. En effet, ce dernier voulait lui signifier qu’il avait la paternité de la victoire contre le mastodonte nigérian, le 23 janvier 2022, à la CAN 2022. Il répondra alors que le onze tunisien n’a un seul patron auquel il doit la réussite: Mondher Kebaier.
D’ailleurs, son parcours et sa personne méritent de penser que le succès n’a pas de nationalité; à l’heure où notre pays passe par une crise sans précédent. Et qu’il est à portée de main. Si on y met, bien sûr, du sien.