Ennhadah et les siens ont-ils bien calculé leur coup? Quoi qu’il en soit, la tenue d’une réunion des députés de l’ARP en visioconférence, le 30 mars 2022, en vue d’annuler le processus du 25 juillet 2021 n’est pas une action heureuse qui pouvait obtenir un large soutien. Des pans entiers de la société, notamment civile, ne voulaient pas revenir à l’avant 25 juillet 2021; malgré les critiques adressées au chef de l’Etat. Il ne faut pas quand même tout confondre.
Il y a un proverbe français qui dit: « Tel est pris qui croyait prendre ». Un des premiers films du père du cinéma mondial, Louis Lumière, avait pour titre « L’arroseur arrosé ». Peut-on dire que l’un et l’autre vont comme un gant à ce qui vient d’arriver à l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le 30 mars 2022?
L’action des députés qui a consisté à tenir une réunion en visioconférence en vue d’annuler le processus du 25 juillet 2021 pouvait-elle être défendue? Il va sans dire que pour le chef de l’Etat cela ressemblait à un défi. Pour une grande partie sans doute de l’opinion aussi. Car cela prenait la forme d’un acte de nature quasiment revanchard.
Dans cette perspective, il serait difficile de croire que l’initiative, sans doute malheureuse de Rached Ghannouchi, pouvait obtenir un large soutien. Des pans entiers de la société, notamment civile, ne voulaient pas revenir à l’avant le 25 juillet 2021; malgré les critiques adressées au chef de l’Etat. Il ne faut pas quand même tout confondre.
D’autant plus que les mois qui ont suivi le 25 juillet 2021 ont montré que la gestion d’Ennahdha et de ceux qui la défendent n’a pas été bien heureuse. Il y a un consensus à ce propos de la part de tous ceux qui ont toujours défendu orbi et urbi le mouvement islamiste. On ne sait donc pas pourquoi le mouvement islamiste a voulu braver l’ordre existant? Pensait-il donc être suivi?
Un acte sans doute désespéré
On s’interrogera évidemment bien longtemps sur les faits et gestes de ce parti. Lequel n’a sans doute pas cette fois réussi à prendre un rendez-vous avec l’histoire. Le tout est de savoir aussi comment il réagira aujourd’hui. Après que le chef de l’Etat a décidé de croiser encore une fois le fer avec un mouvement qu’il décrit comme une secte. Il n’est pas du reste le seul dans ce cas.
Il va sans dire, à ce propos, que lorsqu’on agit comme l’ont fait les députés de l’ARP, il fallait bien peser le pour et le contre. Et de même prévoir comment pourrait évoluer la situation. Le mouvement Ennahdah pensait-il pouvoir mobiliser la société civile ou la rue après cette réunion et une réaction ferme du chef de l’Etat?
Difficile de croire que le mouvement Ennahdah se doit maintenant d’envisager une fuite en avant. Car, tout le monde comprendra que toute réaction capable de perturber l’Ordre public ne pourrait que le desservir. En toute logique. Ennahdah ne pourrait que perdre ses alliés notamment à l’étranger.
De ce fait, la réunion en vue d’annuler le processus du 25 juillet 2021 ne pourrait être perçue que comme un acte désespéré et même dangereux.