Le professeur de droit public, Sghaier Zakraoui est revenu sur les derniers événements d’hier. Et notamment la dissolution du Parlement annoncée par Kaïs Saïed. Il s’est exprimé lors de son passage sur les ondes d’Express fm, en ce jeudi 31 mars 2022.
Sghaier Zakraoui souligne que le président de la République aurait dû intervenir bien avant pour dissoudre le Parlement. En effet, il estime qu’il fallait le faire au moment des revendications des citoyens, le 25 juillet 2021. Ainsi, la décision d’hier lui semble tardive.
Cependant, il relève que ce ne devrait pas être l’article 72 de la Constitution sur lequel il faudrait se baser. Car, affirme-t-il, « nous nous trouvons dans la logique des mesures exceptionnelles. Ce qui veut dire qu’on a dépassé le cadre de la légitimité constitutionnelle. Et seul l’état d’exception est devenu la règle ».
Dans ce contexte, il souligne que: « Le cas actuel a mis en avant l’aspect politique en dépit du volet juridique, devenu secondaire.
Par ailleurs, il déclare qu’il est du devoir du Chef de l’Etat de mettre fin à cet état d’exception. Tout en œuvrant à une révision de la Constitution ainsi que la loi électorale, via un dialogue national. Afin de se diriger vers des élections législatives anticipées.
Cela dit, même si les avis des uns des autres demeurent partagés entre ceux qui croient que le Chef de l’Etat a bel et bien agi et ceux qui croient le contraire, il n’empêche que la situation actuelle demeure floue. Or en écartant les tentatives de légitimité à nouveau par la force, cela ne fera qu’entraîner le pays vers une autre spirale sans fin; où la bataille entre Kaïs Saïed et Rached Ghannouchi se poursuit. Effectivement, différents scénarios peuvent s’enchaîner. Parmi lesquels des affrontements, dans les rues, entre les pro-Kaïs Saïed d’un côté et les pro-Ennahdha de l’autre. Chacun se réclamant d’une légitimité du pouvoir. Autrement dit, nul ne peut prétendre connaitre ce qui se passera dans les prochains jours.