Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, s’est rendu mercredi dernier à Alger, dernière étape de sa tournée au Moyen-Orient et au Maghreb. Au menu de ses entretiens avec son homologue algérien ainsi qu’avec le président Abdelmajid Tebboune, figurent notamment la promotion des accords d’Abraham. Ainsi que la demande d’augmentation des exportations du gaz algérien vers l’Europe via le gazoduc Maghreb-Europe qui transite par le Maroc.
C’est aux Algériens-qui soutiennent depuis longtemps la cause palestinienne, qui sont tout à fait réfractaires au principe de normaliser leurs relations avec l’Etat hébreu et qui voient d’un mauvais œil le récent rapprochement entre Rabat et Tel Aviv, notamment en raison de la possibilité pour leur rival d’accéder à la technologie militaire israéliennes- que le secrétaire d’État américain Antony Blinken est venu « vendre » les avantages de l’adhésion aux accords d’Abraham.
Les accords d’Abraham… en promotion
Ainsi, lors d’une conférence de presse tenue mercredi 30 mars à la fin de sa visite à Alger, étape finale de sa tournée dans la région MENA, le chef de la diplomatie américaine est revenu sur le sommet de Néguev. Lequel s’est tenu cette semaine dans le sud d’Israël, en présence des quatre pays arabes ayant normalisé les relations avec l’Etat hébreu. Et ce, pour souligner les avantages de l’adhésion aux accords parrainés par les États-Unis.
« Le sommet du Néguev est un nouvel exemple de ce que les pays arabes ont à gagner. Il y aura des avantages réels et pratiques pour les habitants des pays participants à cet effort de normalisation des relations avec Israël. Nous voyons cela prendre vie en termes de connexions qui se sont développées très rapidement entre les individus, entre les entreprises, entre les étudiants, les touristes… même pendant le Covid ». Ainsi plaidait M. Blinken devant une assistance plutôt peu enthousiaste pour ne pas dire glaciale. Avant de concéder, conciliant: « La normalisation des relations avec Israël est une décision que chaque pays doit prendre de son côté. »
Un sujet très sensible qui a incité Alger à rompre les relations diplomatiques avec son voisin marocain. Lequel avait signé un accord avec Israël. Outre d’autres griefs entre les deux puissances régionales, notamment à propos de l’épineux dossier du Sahara occidental. Sachant qu’en contrepartie de cet accord, l’administration Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental. Où l’Algérie soutient depuis longtemps le mouvement indépendantiste Polisario.
L’enjeu géostratégique du gaz algérien
Mais la promotion des accords d’Abraham n’est pas le seul motif de la visite du secrétaire d’Etat américain. S’étant entretenu avec son homologue Ramtane Lamamra avant d’être reçu à déjeuner par le président Abdelmadjid Tebboune, Antony Blinken a exhorté l’Algérie, pays allié de la Russie et producteur majeur de gaz, à augmenter ses exportations vers l’Europe. Afin d’atténuer l’impact de la guerre en Ukraine. Et pour aider les pays européens à réduire leur dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie.
Sauf que, suite à la rupture des relations diplomatiques en août 2021 entre les deux poids lourds du Maghreb, Alger a fermé en octobre dernier le gazoduc Maghreb-Europe acheminant du gaz algérien à l’Espagne et transitant par le Maroc. Sachant que la semaine dernière, des responsables algériens ont laissé entendre qu’ils privilégient l’Italie comme « centre névralgique du gaz dans le sud de l’Europe ».
Un niet « diplomatique »
Or, l’Algérie, avait déjà opposé une fin de non-recevoir à une demande américaine d’augmenter l’acheminement de gaz vers l’Europe; en rouvrant ce gazoduc Maghreb-Europe. Et ce, lors d’une récente visite de la sous-secrétaire d’Etat américaine Windy Sherman à Alger.
En effet, selon Abdelmajid Attar, l’ancien ministre de l’Energie, l’Algérie, qui subit actuellement des pressions de toutes parts pour augmenter sa production de gaz afin de réduire la dépendance de l’UE au gaz russe, n’est pas prête « techniquement » à augmenter sa production de gaz. Car étant au maximum de sa capacité de produire.
Une réponse « diplomatique » de la part des autorités algériennes soucieuses de ne pas compromettre leurs relations avec l’allié russe?