À Istanbul, les négociateurs ukrainiens ont présenté à la Russie une proposition visant à établir un système de sécurité garanti par plusieurs pays, dont la Turquie et l’Italie. En échange, ils ont assuré l’engagement de ne pas adhérer à l’OTAN. Réaffirmant toutefois que le processus d’adhésion à l’UE ne peut être bloqué.
Les deux camps semblent plus proches. Bien que le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, ait refroidi l’enthousiasme en soulignant qu’il ne peut être question pour le moment « d’aucun tournant ». Selon l’agence Ria Novostile la Russie se félicite que l’Ukraine ait commencé à formuler clairement ses propositions. Mais pour arriver à une réelle entente « il y a beaucoup de travail à faire ». Il ne faut pas non plus oublier que la question la plus épineuse à résoudre reste celle des concessions territoriales qui feront l’objet d’une négociation séparée.
Sur la localisation de l’Ukraine, cependant, la voie semble avoir été tracée. Ainsi Kiev ne fera pas partie de l’OTAN. D’ailleurs, M. Zelensky lui-même a prononcé des mots qui sonnent comme un glas. Il déclare en effet: « Nous avons entendu parler pendant des années de portes ouvertes. Mais nous avons aussi entendu dire que nous ne pouvons pas entrer et nous devons le reconnaître ». Toutefois, l’Ukraine bénéficierait des garanties de pays tiers sur la sécurité de ses frontières, a-t-il précisé.
L’Ukraine devra-t-elle changer sa constitution?
Cependant, pour parvenir à une neutralité formelle de Kiev, une transition constitutionnelle sera nécessaire. En fait, une loi signée par l’ancien président Porochenko en 2019 a introduit des objectifs d’intégration dans l’OTAN et l’UE dans la Constitution. L’approbation d’un amendement à la Constitution nécessiterait le vote favorable des deux tiers des parlementaires, soit 300 voix sur 450. Ce qui pose un problème politique.
A cela s’ajoute le fait que, comme l’a déclaré V. Zelensky, tout accord avec la Russie devra être « ratifié » par référendum. Selon un sondage réalisé le 18 mars par l’agence Rating, 44% des Ukrainiens se disent favorables à l’adhésion à l’OTAN, tandis que 42% pensent que Kiev devrait coopérer avec la Russie.
Quels seront les pays garants?
Ce qui est certain, c’est que l’Ukraine demande des garanties pour que ses frontières ne soient plus touchées. A Kiev, ce n’est un secret pour personne, on se méfie des intentions de Poutine. Et les Ukrainiens craignent que le chef du Kremlin ne viole un jour les conditions d’un éventuel accord pour s’emparer d’autres morceaux de territoire.
V. Zelensky a donc demandé de définir un groupe d’au moins une douzaine de pays garants, capables de garantir la sécurité de l’Ukraine. Parmi ceux-ci, il y aurait certainement les membres du Conseil de sécurité des Nations unies, les États-Unis, le Royaume-Uni, la France et la Chine (bien sûr, la Russie était exclue). Mais Kiev souhaiterait que d’autres pays comme la Turquie, Israël, l’Allemagne et l’Italie fassent également partie du groupe.