Le Secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Mathias Cormann, a présenté, à distance, les résultats de la dernière étude économique de l’OCDE consacrée à la Tunisie. Et ce, lors d’une conférence de presse tenue aujourd’hui 4 avril, au siège du ministère de l’Economie et de la planification à Tunis, en présence de son ministre Samir Saïed.
Devant un auditoire composé de journalistes et des responsables du ministère, le secrétaire général de l’OCDE, Mathias Cormann, a étayé les recommandations de l’étude pour la relance de l’économie tunisienne. Les recommandations s’articulent autour de sept axes.
La recette de l’OCDE pour parvenir à une reprise durable
- Envisager d’étendre le pass sanitaire à la plupart des activités et à l’exercice de certaines professions. Intensifier les efforts pour mieux couvrir les zones rurales. Notamment grâce aux centres mobiles de vaccination et à l’activation des acteurs locaux.
- Continuer d’appliquer des mesures de soutien budgétaire pour les foyers et les secteurs de l’économie les plus vulnérables jusqu’à ce que la reprise économique soit bien engagée.
- Veiller au maintien d’une inflation modérée. En consolidant l’indépendance de la Banque centrale de Tunisie. Et en évitant de recourir au financement monétaire du déficit budgétaire.
- Afin d’adopter une politique monétaire de ciblage d’inflation, suivre une feuille de route qui comprenne une stratégie de communication transparente et crédible; la capacité de produire des prévisions d’inflation à partir de plusieurs indicateurs; y compris des enquêtes régulières sur les anticipations d’inflation; et une approche opérationnelle donnant des indications sur l’orientation future de la politique monétaire.
- Définir, annoncer et mettre en œuvre un plan budgétaire à moyen terme. Lequel permettra de réduire les dépenses courantes. Tout en ménageant une marge budgétaire pour faire face à des risques éventuels et augmenter l’investissement public dans les infrastructures.
- Diminuer le nombre des régimes spéciaux et les exonérations de TVA, mieux contrôler le régime forfaitaire, soutenir l’application des règles fiscales et rédiger un code général des impôts complet.
- Limiter les recrutements et les promotions internes dans le secteur public; faciliter les départs volontaires; et subordonner les ajustements des traitements au respect de critères de performance.
- Accélérer les processus de restructuration des dettes à travers les dispositifs extrajudiciaires de traitement de l’insolvabilité et la création de chambres spéciales dans les tribunaux chargés des affaires concernant les entreprises.
Pour une ouverture de l’économie et le renforcement de la concurrence
• Introduire l’obligation de conduire une évaluation économique ex ante (et si possible ex post) de l’impact de toute nouvelle réglementation.
- Réduire les droits de douane et les obstacles non tarifaires pour les entreprises onshore. En commençant par les biens d’équipement et les intrants intermédiaires.
- Améliorer le cadre d’investissement dans les infrastructures. Et accélérer la conversion numérique des procédures douanières. Y compris par la mise en place de licences d’importation et exportation automatiques pour tous les produits. Avec des contrôles a posteriori transparents fondés sur des procédures d’évaluation des risques.
De la nécessité de réformer les entreprises publiques
• Créer une agence des participations publiques, dotée de ressources suffisantes, pour évaluer les performances financières et les options de restructuration. Y compris la privatisation, et renforcer les objectifs de performance.
- Préserver l’indépendance de l’INLUCC et la doter des ressources nécessaires.
Concrétiser la transition verte
Promouvoir la transition écologique et les énergies renouvelables. Et ce, en encourageant les investissements et les partenariats public-privé. De même qu’en ajustant le cadre réglementaire et la fiscalité sur le carbone. Ainsi qu’en réduisant les subventions énergétiques. Et en augmentant les transferts directs aux ménages nécessiteux.
Favoriser la création d’emplois plus nombreux et de meilleure qualité
• Réduire les autorisations préalables d’entrée sur le marché et pour l’investissement. Tout en maintenant des contrôles a posteriori transparents pour assurer le respect des règles. Appliquer une règle de consentement tacite et mettre en place des guichets uniques chaque fois que possible.
- Procéder à un examen complet des subventions et incitations fiscales existantes et à une évaluation de leur impact, et simplifier le système fiscal
Améliorer les compétences et les politiques du marché du travail
• Accroitre l’efficacité des dépenses d’éducation dans les autres parties du système éducatif pour financer l’expansion de l’accès á l’éducation préscolaire. En donnant la priorité aux ménages à faible revenu et aux familles monoparentales.
- Améliorer la sélection ainsi que la formation initiale et continue des enseignants dans l’éducation et la formation professionnelle, avec une attention particulière aux compétences pédagogiques.
- Centraliser la gouvernance des programmes d’activation du marché du travail. Y compris les aides aux travaux publics et à l’entrepreneuriat. Mais aussi augmenter l’efficience des dépenses en ciblant mieux les individus qui en ont le plus besoin. Et améliorer les évaluations d’impact des programmes.
• Favoriser davantage la concurrence de prestataires privés de services d’emploi et envisager de sous-traiter certaines tâches à des prestataires privés en utilisant des contrats d’incitation fondés sur les résultats.
Lente est la reprise selon l’OCDE
Pour rappel, l’étude parle d’une reprise économique lente surtout que « les restrictions à la mobilité freinent le redémarrage du tourisme et pèsent sur les services fortement intensifs en main-d’œuvre. Le niveau élevé du chômage bride la consommation privée. Les incertitudes politiques pèsent aussi sur la mise en œuvre des réformes et l’investissement et l’affaiblissement de la demande extérieure éloigne le redressement de l’activité manufacturière ».
« Les tensions inflationnistes ont repris en 2021 et elles pourraient s’accentuer à cause de la flambée des prix des matières premières provoquée par la guerre en Ukraine ». C’est enfin ce qui ressort de cette étude.