Dimanche 10 avril, les Français seront appelés aux urnes pour reconduire le président en exercice ou lui choisir un remplaçant. Douze candidats sont en lice pour cette présidentielle: Nathalie Arthaud (Lutte ouvrière), Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France), Anne Hidalgo (Parti socialiste), Yannick Jadot (Europe Ecologie-Les Verts), Jean Lassalle (Résistons), Marine Le Pen (Rassemblement National), Emmanuel Macron (La République en Marche), Jean Luc Mélenchon (La France insoumise), Valérie Pécresse (Les Républicains), Philippe Poutou (Nouveau parti anticapitaliste), Fabien Roussel (Parti communiste), Eric Zemmour (Reconquête).
Avec un tel fatras de candidats et d’orientations, la France n’est plus ce qu’elle était. Fini le temps du clivage clair Droite/Gauche avec un groupuscule d’extrême droite en marge. Les temps ont changé, bien que les thèmes et les clivages sur les questions économiques et sociales continuent de dominer les campagnes électorales de la présidentielle que mènent les candidats dans leurs meetings populaires.
Ainsi, la droite classique continue d’être divisée plus par des ambitions personnelles que par des divergences politiques pratiquement inexistantes. Il n’y avait pas plus de différences entre les candidats Jacques Chirac et Edouard Balladur hier, qu’entre Emmanuel Macron et Valérie Pécresse aujourd’hui.
Pourtant, la nouveauté dans cette élection présidentielle de 2022 est la dualité qui marque l’extrême droite. En effet, dans le sillage de la droite classique, celle-ci se retrouve avec deux candidats, Marine Le Pen et Eric Zemmour, que rien n’oppose, sinon l’ambition personnelle.
La gauche continue sa descente aux enfers
Qu’il s’agisse des questions d’identité ou de l’hostilité à l’immigration et à la construction européenne, rien ne différencie réellement le « Rassemblement National » de Marine Le Pen de la « Reconquête » d’Eric Zemmour. Cette campagne n’a été pour l’un et l’autre qu’une série de surenchères. C’est à qui est le plus virulent vis-à-vis des immigrés et le plus hostile à l’Union européenne.
La gauche, quant à elle, continue sa descente aux enfers. Et au rythme actuel de sa marginalisation, elle n’est plus très loin des scores que réalisait l’extrême droite dans les années 80 et 90 du siècle dernier. Les sondages du premier tour montrent clairement que le premier rival de la droite classique pour la course à l’Elysée n’est plus la gauche comme ce fut le cas pendant plus d’un demi-siècle, mais l’extrême droite. Cette tendance, établie lors de l’élection présidentielle de 2017, se renforce et s’accentue même au cours de cette élection.
C’est ce qui ressort d’un sondage Elabe L’Express BFMTV, qui donne Emmanuel Macron en tête des intentions de vote avec 28,5% suivi de Marine Le Pen avec 22%. Jean-Luc Mélenchon se classerait en troisième position avec 15% et la socialiste Anne Hidalgo n’est créditée que de 1,5%, bien loin du pire score enregistré par Jean Marie Le Pen, le plus célèbre candidat de l’extrême droite française…Au second tour, toujours selon ce sondage, Emmanuel Macron obtiendrait 53% des voix contre 47% à Marine Le Pen.
Aucune campagne électorale française n’a été autant affectée par des événements étrangers comme l’est celle-ci par la guerre d’Ukraine. Comme les peuples du monde entier, les Français suivent intensément les événements dramatiques d’Ukraine, ce qui a détourné leur attention de la campagne et accru les difficultés des candidats à faire passer leurs messages.
Une aubaine pour le président-candidat
Sauf le président-candidat Macron qui en a profité pour assoir encore plus son image de « président qui sait gérer les crises ». En effet, le président Emmanuel Macron a eu à gérer deux grandes crises au cours de son mandat: celle des Gilets jaunes et celle de la Covid 19. Pour l’une comme pour l’autre, il s’en est sorti sans dégâts politiques, puisqu’il caracole toujours en tête des sondages.
La concomitance de la guerre d’Ukraine et de la campagne présidentielle a été une aubaine si l’on peut dire pour Macron. Il en a profité pour jouer les médiateurs entre Russes et Ukrainiens et souligner encore plus son image de « président des crises ». En effet, la guerre d’Ukraine lui a permis de se soustraire aux débats avec ses rivaux. Toutefois, ceux-ci n’ont pas manqué de s’en prendre au « candidat qui se met au-dessus des autres et qui ne veut être ni bousculé ni contrarié ». Certains, avec le hashtag « Pas de débat, pas de mandat » espèrent même lui instruire « un procès en illégitimité » s’il est élu…
Mais le président-candidat semble se complaire dans « sa position jupitérienne ». Indifférent donc au bruit médiatique d’une campagne électorale aussi terne que la plupart des candidats qui rêvent du Palais de l’Elysée sans y croire. Celui qui y croit le plus et qui nargue ses rivaux avec l’air de dire « j’y suis, j’y reste », est le président-candidat.