Les produits de première nécessité manquent à l’appel. Les responsables nous assurent, depuis quelques jours, que les choses vont rentrer dans l’ordre. En attendant Godot !
Le citoyen est on ne peut plus perplexe. Qui croire l’appareil de l’Etat (le ministère du Commerce notamment), qui dit que le marché est régulièrement approvisionné en matières de première nécessité et que les choses rentreront bientôt dans l’ordre, ou nos yeux qui balayent chaque jour des rayons vides de nos magasins, grands et petits?
Huile végétale, semoule, riz et farine notamment manquent à l’appel. Il arrive évidemment que l’on en trouve, mais les stocks disparaissent rapidement. En moins d’une heure. Et, il s’agit là de constats, la quantité exposée à la vente est loin de satisfaire tout le monde. Dans les magasins, des employés sont là pour rappeler à l’ordre les clients qui souhaitent prendre plus de deux paquets!
Même spectacle concernant le pain. Il arrive ainsi que l’on ne trouve aucune trace de pain après une certaine heure de la journée. Et toujours cette même réponse de la part des boulangers: nous manquons de farine.
« Une pénurie pareille, nous n’avons jamais vu ça? »
Qui croire effectivement? C’est peut-être la première fois depuis l’indépendance du pays que nous entamons le mois de Ramadan avec cette pénurie. L’Etat est-il dans cette incapacité à croiser le fer avec les spéculateurs? Pourquoi cela n’a jamais eu lieu du temps de la dictature aussi bien de Bourguiba que de Ben Ali? « Les queues ont toujours existé, mais une pénurie pareille, nous n’avons jamais vu ça! », souligne un client d’un certain âge qui n’a pas trouvé de pain.
Le citoyen est-il responsable? Est-il avide et nettoie-t-il vite les rayons et les étals? Possible. Mais, trop c’est trop! Certains ne trouvent pas d’autres réponses à leurs questions concernant la pénurie que la suivante: l’Etat ne nous dit pas tout. Et sans doute pas l’essentiel, c’est qu’il n’a pas approvisionné le marché comme il se doit en ce mois saint. Soit qu’il n’a pas les moyens d’approvisionner le marché parce qu’il n’a pas les moyens de le faire et tente d’expliquer, une bonne partie de la pénurie du moins, par les faits et gestes condamnables des spéculateurs notamment les grands d’entre eux que le chef de l’Etat a désigné du doigt lors de l’audience qu’il a accordé, le 3 avril 2022, à la cheffe du gouvernement et au ministre des Affaires étrangères.
De quoi perdre son latin et son arabe à la fois. En résumé : nous ne sommes pas sortis de l’auberge!