Dans sa longue carrière de conspirateur, depuis la création de sa mouvance islamiste, Ghannouchi a toujours ponctué sa carrière de chef de guerre, par des tentatives de coups d’Etat, à l’intérieur et à l’extérieur de sa formation.
Particulièrement contre Bourguiba et l’affaire dite du « groupe sécuritaire » où il fût projeté d’assassiner le grand leader le 8 novembre 1987. N’eût été le coup d’Etat qui a renversé Bourguiba et empêché le pire de se produire. Il y eut aussi la tentative d’assassinat de Zine al-Abidine Ben Ali, Président légitime, par le biais d’un Stinger.
Et enfin et non le moindre, le putsch visant le Président de la République, Kaïs Saïed, quoique maquillé, sous la forme d’une réunion du parlement, gelé constitutionnellement, du moins selon KS. Et qui a « voté » une motion enlevant tous les pouvoirs à ce dernier et préparant son éviction par des moyens anticonstitutionnels et illégaux.
Ainsi, R. Ghannouchi s’est octroyé le droit d’interpréter la défunte constitution à sa guise, et à fomenter un coup d’Etat. Lequel se serait soldé par la création d’un gouvernement fantoche et entraîné à coup sûr le pays dans une guerre civile sanglante.
Le pyromane de la République
Tous ses écrits de jeunesse et de vieillesse démontrent, sans l’once d’un doute que R. Ghannouchi n’a jamais cru ni, en une République ni en un État tunisiens. Tout au plus il feint, surtout depuis 2011, d’y croire pour les torpiller de l’intérieur; et ce, en utilisant et les lois et les structures de ces derniers.
D’ailleurs, lorsque son poulain de l’époque, Hammadi Jbali avait annoncé « triomphalement » l’avènement du 6ème Califat« , alors qu’il était « chef du gouvernement » de la République, il ne faisait que faire échos à la pensée et aux convictions profondes de son « Calife » auquel il avait prêté allégeance, Rached Ghannouchi lui même.
En effet, c’est un article de foi chez tous les frères musulmans, et leur ultime objectif politique et historique. Ceux qui croient naïvement ou par lâcheté que les « frères musulmans » ont abandonné leur projet- établir le Califat- se trompent lourdement. Et le dernier épisode que vient de vivre la Tunisie, sous la forme d’un coup d’État pour renverser le Président de la République, élu largement au suffrage universel, ne fait que confirmer l’évidence: Rached Ghannouchi reste ce qu’il a toujours été.
Poussé dans ses derniers retranchements, après le gel du parlement qu’il présidait et contrôlait totalement, affaibli par l’amputation de son bras séculier, représenté par l’ancien haut conseil de la magistrature et la neutralisation de son fidèle exécutant Noureddine Bhiri, qui régnait sur l’appareil judiciaire, Rached Ghannouchi a choisi comme toujours la voie du putsch pour renverser la situation politique en sa faveur. En profitant de la visite de l’envoyée américaine, qui devait exercer des pressions sur les autorités à son profit. Sauf qu’elle ne l’a pas fait et l’a ignoré superbement. Puisqu’elle ne l’a pas rencontré; même en tant que chef d’un parti politique. Et n’a jamais prononcé son nom ou celui de son parti. Donnant ainsi un feu vert indirecte à KS pour réagir vigoureusement et sévir contre les putschistes. Du moins c’est ainsi que le message fût décodé par les proches de KS.
Espérait-t-il renverser la vapeur en sa faveur par une simple réunion virtuelle et une « motion » qui ne laisse aucun doute à sa volonté de créer une légitimité parallèle. Allant vers une situation à la libyenne pour ensuite pousser vers ‘ »l’internationalisation » de « la question » tunisienne. Et donc permettre une ingérence directe des puissances étrangères dans notre pays?
Ce qui est sûr c’est que la déclaration de son « patron » Erdogan, l’autocrate turc, pousse dans ce sens. Ce personnage controversé qui a envoyé des milliers de militaires, de sécuritaires, de juges, de journalistes, d’artistes dans ses propres geôles, et qui a mis la Libye voisine à feu et à sang, se permet cyniquement de donner des leçons à la Tunisie républicaine et démocratique! Tous cela pour voler au secours de son « ami » dans le pétrin jusqu’au cou. On aura tout vu par les temps qui courent.
La fuite en avant suicidaire de Rached Ghanouchi, ressemble à la danse du coq égorgé, qui, avant de souffler son dernier soupir, commence à sauter et à s’agiter donnant l’impression de reprendre vie et de défier la mort.
De même que Rached Ghannouchi est mort politiquement, depuis le 25 juillet 2021; il continue néanmoins, à vivre sous perfusion. Et ce, grâce aux doses qui lui sont injectées par ses sponsors. Il a atteint à coup sûr, l’âge de la retraite, et particulièrement politique. Croit-t-il sincèrement que les Tunisiens le laisseraient faire et agir en menant le pays à sa perte? Mais l’on sait qu’il n’a cure de l’opinion des Tunisiens qui le placent dans les sondages dans la catégorie des hommes politiques qu’ils haïssent.
Alors, la seule explication rationnelle pour comprendre sa fuite en avant est basée sur le fait qu’il sait qu’il est mort politiquement. Et que le processus dans lequel s’est engagé le pays mènera tôt ou tard à éradiquer sa mouvance de la scène politique tunisienne.
Fin de partie et retour de manivelle
Parce qu’il est mu par de bas instincts de vengeance et de haine de l’État National, Rached Ghannouchi, comme ses pairs, Hassan el Benne, Tourabi, a tout fait pour détruire l’État pendant dix ans; et phagocyter la société tunisienne moderne et tolérante. Mais, dans un revirement dont seulement l’histoire a les secrets, la société et l’État ont pris leurs revanches, et comme la nature, ils ont repris leurs droits.
C’était presque inscrit dans le destin de la Tunisie que Rached Ghannouchi doive un jour rendre des comptes pour tous les méfaits commis lors de son règne implacable. Une sorte de retour de manivelle de l’Histoire.
Car ce pays et cet État, plusieurs fois millénaires, ne peuvent tolérer qu’ils soient dirigés par un personnage d’une autre époque. C’est purement et simplement une anomalie de l’Histoire. Et celle ci se corrige elle même, parfois de la façon la moins attendue.
Par conséquent, la société tunisienne a généré ses propres antidotes. Comme lorsqu’elle a généré le mouvement national, ses leaders, ses élites, du sein même de l’école et des institutions politiques et syndicales crées par le colonialisme.
La domination de l’Islam politique, pendant une décennie a crée les outils de son propre dépérissement, comme pour le colonialisme. Les phénomènes Abir Moussi, Taboubi, Kaïs Saïed, et d’autres combattants anti-islam politique, ne sont que les outils que le destin a forgés pour venir à bout de cet hydre à plusieurs têtes.
Quelle que soit l’issue politique du conflit actuel entre le Président de la République et les tenants de l’Islam Politique et leurs marionnettes, une chose est sûre, plus jamais l’Islam Politique ne dirigera le pays. Ni la situation intérieure, ni la situation internationale ne le permettent désormais.
L’incendie que R.G a déclenché finira par le brûler lui même et cela indépendamment du processus judiciaire engagé. Les lois de l’Histoire sont infiniment plus puissantes que les lois des hommes et cela R.G ne peut pas le comprendre.
De ce fait, il ne peut pas comprendre que la Tunisie, héritière de Carthage, avec ses trois mille ans d’Histoire, avec son Hannibal, Jugurtha, Saint-Augustin, Ibn Khaldun, Chebbi, Bourguiba ne peut être soumise, quels que soient les artifices dits « démocratiques » par un adepte des « Frères musulmans ». Et que son réveil sera terrible et se fera à ses dépens.
Ni les Américains, ni les Européens ne peuvent faire quoi que ce soit à cette fatalité de l’Histoire. Tout au plus, ils peuvent pour des calculs qui leur sont propres retarder l’avènement de la fin du totalitarisme religieux de la secte « frériste ».
Sauf que les Tunisiens ont toujours su faire l’économie de la violence. Mais si la secte tente de le faire, elle signera sa perte et déclenchera une réaction qu’elle ne soupçonne pas. Rappelons nous le 25 juillet dernier où des centaines de milliers de citoyens se dirigèrent vers ses locaux en scandant des slogans hostiles à la secte et à son gourou.
N’eût été l’intervention salutaire de KS épaulé par l’armée et les forces de sécurité, on aurait pu assister à la déferlante de violence que le pays n’a jamais connu dans son histoire contemporaine.
Mais il semble que Rached Ghannouchi n’a rien compris à l’avertissement. Et cela est conforme à sa conception et à son mépris réel du peuple tunisien. N’importe quel politicien aurait démissionné à sa place, mais justement ce n’est pas un politicien, c’est un frère musulman.
Finalement, Rached Ghannouchi a perdu lui qui croit gagner politiquement et n’est plus maître absolu du jeu politique tunisien. Il n’a plus de choix, même de se retirer et de passer ce qui reste de sa vie comme tous les retraités. Sa fin s’annonce difficile.