Non seulement la Chine, l’Inde et le Pakistan n’abandonnent pas Moscou. Mais les équilibres géopolitiques sont bouleversés. La Maison Blanche a désespérément besoin d’un accord avec Téhéran.
La pax americana vacille. Joe Biden n’est plus en mesure de faire respecter les accords pétroliers dont les États-Unis et l’Union européenne elle-même auraient besoin. Avec l’accent qu’il faut restructurer une posture internationale désormais dépourvue de piliers. Arguant que la Maison Blanche n’est plus en mesure d’imposer les accords dont elle a besoin. L’Union européenne n’a pas encore le poids politique pour rattraper les limites de l’administration américaine. « C’est moins de pétrole à vendre sur le marché, à des prix plus élevés », commente un haut responsable de l’UE.
Non seulement la hausse des prix du pétrole crée partout des problèmes d’inflation; mais en plus, écrit le haut responsable sur son blog: « Les sanctions contre la Russie ouvrent de nouvelles routes pétrolières et de nouveaux accords commerciaux entre puissances émergentes. Celles-ci coupent les économies riches et cela peut encore changer. Cependant, pour l’instant, l’Occident n’est pas gagnant. Cela s’est confirmé ces derniers jours. Et ce, lorsque l’Iran a commencé à augmenter de plus en plus le prix d’un accord avec les États-Unis qui entraîne une augmentation de l’offre de pétrole brut sur marchés mondiaux », a-t-il précisé.
Les équilibres géopolitiques changent : le non-alignement asiatique met Biden en crise
Nous sommes maintenant dans une situation paradoxale dans laquelle Biden a désespérément besoin d’un accord avec Téhéran pour faire baisser les prix. L’inflation risque de mettre en péril les élections de mi-mandat auxquelles le président américain devra faire face dans les mois à venir.
« Pour cela, Biden n’a pas hésité à accélérer les pourparlers avec l’Iran sur le soi-disant plan d’action global conjoint: un accord avec les cinq puissances du Conseil de sécurité de l’ONU (dont la Russie et la Chine), plus l’Allemagne et l’Union européenne. Lequel devrait entraîner de nouvelles limites au programme nucléaire de Téhéran et la fin des sanctions. En effet, cet accord pourrait valoir près d’un demi-million de barils de brut supplémentaires par jour à partir du second semestre. Car l’Iran est le quatrième pays au monde pour la dimension océanique de ses réserves », commente le quotidien italien Corriere della Sera.
Le problème, c’est que « le régime des ayatollahs a vite senti le désespoir des Occidentaux pour parvenir à la signature et en fait monter le prix. Avec comme dernière demande de retirer les Gardiens de la révolution islamique- une force d’État armée- de la liste des organisations terroristes où elle avait été mise par Donald Trump en 2019. Maintenant, Biden hésite. Car toute concession serait attaquée en Amérique », poursuit le journal.
« L’inflation risque de mettre en péril les élections de mi-mandat auxquelles le président américain devra faire face dans les mois à venir »
Pendant ce temps, d’autre part, comme le souligne le magazine allemand Built, un « étrange pacte asiatique » a été créé. Ce dernier, derrière l’écran de la neutralité, évite en fait d’isoler la Russie de Vladimir Poutine. « L’Inde est au centre de ce nouveau jeu, tirée par la veste de son impartialité de dix ans. Ce membre du Quad (l’alliance qui comprend aussi les États-Unis, l’Australie et le Japon) n’a pas condamné l’invasion russe. C’est la plus proche des États-Unis, dans une clé anti-chinoise. Mais elle entretient d’excellentes relations avec Moscou, un partenaire de la Chine, à qui elle achète du pétrole et des armes (là encore comme moyen de dissuasion contre Pékin) », écrit Built.
Enfin, signalons que tout récemment le Premier ministre pakistanais Imran Khan- bon ami à la fois des Russes et des Chinois mais principal rival de New Delhi- a dénoncé les Etats-Unis de vouloir le limoger, à la veille du vote de défiance au Parlement!
Bref, l’équilibre du monde est en train de changer et l’Occident ne semble pas très bien positionné.