L’économiste Ezzedine Saidane a appelé à annoncer l’Etat d’urgence économique et financier en Tunisie, aujourd’hui 7 avril.
Ezzedine Saidane s’exprimait lors de son passage sur les ondes de Shem FM. Il souligne la nécessité de lancer un dialogue. Où le gouvernement, les organisations nationales et toutes les parties intervenantes se mettent à table et priorisent les dossiers économiques.
Dans le même contexte, il appelle à former une cellule de crise composé d’experts en économie au palais de Carthage. Avec pour objectif de trouver des solutions à la crise économique.
Puis, revenant sur les entretiens du président de la République avec l’UGTT et l’UTICA, l’économiste considère qu’ils ont braqué la lumière sur les réformes politiques. Cependant, il précise que la priorité d’aujourd’hui est économique et financière essentiellement. Et d’affirmer que la réforme politique nécessite une situation économique stable.
S’exprimant ensuite sur les négociations avec le Fonds monétaire international (FMI), il exprime son étonnement. Et ce, face au document de réforme sans la signature de l’UGTT que le gouvernement a présenté. Alors que le FMI exige la signature de la centrale syndicale.
Le cercle vicieux: inflation, hausse des prix, baisse du niveau de vie
Par ailleurs, répondant à une question sur l’inflation, Ezzedine Saidane prévoit un taux d’inflation de 10% vers la fin de l’année. Alors qu’il est aux alentours de 7,2% actuellement. Ainsi, il explique que l’inflation rime avec la hausse des prix et la dégradation du niveau de vie.
En outre, réagissant aux propos du ministre de l’Economie et de la planification qui affirmait que ce taux d’inflation est attendu, vu la conjoncture internationale marquée par la hausse de l’inflation, il indique que ce n’est pas juste. Car il existe une différence entre un pays qui a une économie performante avec une inflation et une économie en récession qui souffre d’inflation.
M. Saidane affirme donc que tous les rapports des instances économiques internationales concordent vers le même bilan. Et qu’il faut aboutir à un accord avec le Fmi, même si c’est un accord manquant.
De plus, il estime que le FMI n’octroiera pas à la Tunisie 4,4 milliards de dollars. Car le FMI prévoit un plafond annuel pour la Tunisie de 1,1 milliard de dollars ou de 2 milliards de dollars maximum.
Alors, si la Tunisie ne parvient pas à conclure un accord avec le FMI, il ne lui restera plus qu’à bénéficier d’un prêt exceptionnel; étant donné qu’il s’agit d’une conjoncture exceptionnelle. Mais à condition d’accepter la tutelle du FMI et des bailleurs de fonds tout au long de la période de remboursement du prêt. Ce qui veut dire une atteinte à la souveraineté tunisienne. Pour cette raison, l’économiste recommande de faire face au danger économique pour ne pas arriver à ce type de solution.
Enfin, il relève que la possibilité de ne pas aboutir à un accord se pose. « Il ne faut pas oublier que les pays qui vont voter pour l’octroi ou pas du crédit sont des pays ayant des positions particulières envers la Tunisie ».