L’Observatoire National pour la Lutte contre la Violence à l’Egard des Femmes a publié la première étude scientifique depuis son instauration. Avec l’appui du Fonds des Nations Unies pour la Population. Elle s’intitule: « Les déterminants des violences conjugales ».
Pour rappel, l’Observatoire National pour la Lutte contre la Violence à l’Égard des Femmes relève du ministère de la Famille, de la Femme et de l’Enfance. L’étude s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie nationale de lutte contre les violences faites aux femmes. C’est ce qu’indique un communiqué publié par le département ministériel. Zoom sur les violences conjugales.
Un choix qui ne doit rien au hasard
Le choix du thème de la violence conjugale n’était pas arbitraire. Mais il s’appuyait sur les statistiques de la Ligne Verte 1899 relatives au signalement des cas de violence contre les femmes. L’étude affirme que ces chiffres montraient une augmentation du phénomène de la violence conjugale. Puisque le taux des appels liés aux signalements des cas de violences conjugales a dépassé les 75%.
L’étude a analysé un échantillon de 53 jugements dans le domaine de la violence conjugale. En plus des entretiens avec 20 femmes victimes de violence conjugale, dont l’âge varie entre 25 et 64 ans. Ainsi que dix hommes auteurs de violences, âgés de 34 ans à 67 ans. Et ce, pour identifier les formes de violences conjugales, le profil de la victime et de l’auteur des violences; ainsi que les causes des violences et leurs répercussions.
L’étude a montré que la forme la plus courante de violence subie par les épouses est la violence physique, suivie de la violence psychologique. Tout en indiquant que la violence physique s’accompagne souvent de violences psychologiques. On relève aussi que la violence conjugale intervient le plus souvent en fin de journée. Ce qui fait que la victime se trouve contrainte de quitter le domicile conjugal la nuit.
Loi fondamentale n° 58 de 2017: la mise en œuvre n’est pas aussi simple que cela parait
L’étude a également révélé certaines difficultés qui entravent la mise en œuvre de la Loi fondamentale n° 58 de 2017 visant à éliminer la violence à l’égard des femmes. D’où la nécessité de renforcer les mécanismes et les moyens de suivi et de mise en œuvre aux niveaux sécuritaire et judiciaire.
Les entretiens avec les femmes victimes de violence ont également montré que l’auteur de la violence récidive souvent. Mais qu’elles se trouvent contraintes de retourner au domicile conjugal après avoir été maltraitées. Et qu’elles vivent sous la pression de l’humiliation et des coups.
La normalisation de la violence domestique
Quant aux auteurs de violences, l’étude a montré qu’ils considèrent la violence domestique comme une affaire privée. Dans laquelle personne n’a le droit de s’immiscer. De même qu’ils adhèrent à leur comportement violent, incarnant une mentalité de dominance masculine et un héritage social normalisant la violence.
Les entretiens menés dans le cadre de cette étude scientifique ont également montré une méconnaissance de la Loi n°58 de 2017. Celle-ci criminalisant toutes formes de violences venant des deux parties.
Violences conjugales, une histoire société
L’étude des déterminants de la violence conjugale a conclu que le phénomène de la violence conjugale est un problème social complexe. Il est profondément ancré dans la société tunisienne pour différentes raisons. Cette situation fait que le domicile conjugal est pour de nombreuses femmes un espace où elles subissent différentes formes de violences. Cet espace familial est devenu, pour certaines, un espace d’insécurisé.
Enfin, l’étude a présenté une définition approfondie du concept de violence et de ses différentes formes; en particulier le concept de violence conjugale. Elle a également proposé une lecture pour le traitement de cette question dans différentes conférences internationales. Et ce, en raison de son importance et de la gravité de ses conséquences sur la victime.