L’incertitude croissante de la situation mondiale est de nature à pousser à un renforcement du protectionnisme.
Les grandes puissances continuent à se disputer la suprématie économique, en recourant à des mesures restrictives en matière d’importation et d’exportation et en s’éloignant du libre-échange mondial. Au cours de l’année écoulée, de nouvelles frontières se sont érigées. La montée du protectionnisme est l’une des tendances lourde de l’économie mondiale à une époque de fragilité économique généralisée de par l’incertitude liée à la pandémie et l’insécurité déclenchée par le conflit en Ukraine.
Cette tendance justifiée par des raisons sécuritaires cédant à la pression de la vague populiste, à la suite des deux chocs qui ont mis en avant les risques de dépendance des produits ou de matières importées.
En dépit même d’un retour à la normalité à un horizon indéterminé, les décideurs publics tiendront en considération les leçons de ces deux crises avec ces trois caractéristiques :
- Premièrement : s’assurer d’une indépendance alimentaire et énergétique. Celle-ci pourrait être accompagnée par un protectionnisme déclaré et une réallocation des ressources rares particulièrement l’eau surtout pour les produits essentiels.
- Deuxièmement : le protectionnisme justifié par des raisons sécuritaires pourra conduire à protéger une production nationale non compétitive pour substituer des produits importés et gagner en indépendance.
- Troisièmement : le choix des sites de délocalisation dépendra aussi des aspects de sécurité physique.
La diversification est la meilleure stratégie
Une politique protectionniste entrainera une augmentation des prix préjudiciable pour les consommateurs. Il est ainsi nécessaire de revoir les accords commerciaux et de réfléchir à une stratégie de diversification de partenaires. Une telle diversification pourra paraître coûteuse. Mais, dans le monde d’aujourd’hui, les coûts de la diversification sont éclipsés par les coûts potentiels – et probables – des perturbations et de l’incertitude.
En présence de risques importants et partiellement non corrélés, la diversification est la meilleure stratégie. Cela n’est pas valable uniquement pour les importations. Les pays doivent également s’efforcer de diversifier leurs marchés à l’export.
Bien qu’il soit difficile de se diversifier en s’éloignant d’économies aussi importantes que celles des États-Unis ou de la Chine, les pays peuvent avancer dans cette direction. (Michael Spence, Prix Nobel d’Economie).
Pour la Tunisie, les exportations agricoles pourraient être impactées par les vagues de protectionnisme chez les partenaires commerciaux. Les quotas et les accès aux marchés pourraient être sujet de négociations ou de pressions.
En revanche, la Tunisie pourrait bénéficier des opportunités. Celles-ci sont offertes par la relocalisation des unités industrielles situés dans des pays proches des zones de conflit.