Le professeur de droit public Sghaier Zakraoui revient sur les derniers événements. Et notamment sur le scrutin uninominal à deux tours. Il s’est exprimé lors de son passage sur les ondes de Shems fm, en ce jeudi 14 avril 2022.
Sghaier Zakraoui souligne que le président de la République devrait jouer le rôle d’un président fédérateur de tous les Tunisiens. En effet, il estime que c’est au président de la République de revenir sur les fondamentaux. Et non pas d’œuvrer à mettre en place son projet personnel comme le mode de scrutin uninominal à deux tours.
Ainsi, il précise dans ce contexte: « Si nous avions entamé le dialogue à partir du 25 juillet, nous aurions pu au moins réduire l’impact de la crise socio-économique qui gangrène aujourd’hui le pays. Cela dit, rester tout le long de huit mois sans rien faire, je pense qu’on a dévié du processus démocratique. A mon avis, le président de la République ne prend pas au sérieux les institutions de l’Etat. »
« Cependant une chose est sûre, c’est qu’il a l’intention de mettre en place son programme personnel. Lequel, rappelons-le, ne correspond pas aux attentes des Tunisiens. Aujourd’hui, nous sommes un pays à genou. De plus, sur le plan moral et éthique, Kaïs Saïed n’aurait pas dû faire passer son projet personnel lors de cette période exceptionnelle. Il aurait dû plutôt présenter son programme lors de l’élection présidentielle et cela reviendrait aux Tunisiens de choisir. Et non imposer un programme par un passage en force », ajoute-t-il.
Et de poursuivre: « Or, ce qu’il a fait n’est que commettre des erreurs, les unes après les autres. Ce qui me conduit à être pessimiste sur ce qui se passe. Aujourd’hui, c’est aux organisations nationales, à la société civile, aux partis politique de réagir et d’intervenir pour que ce projet n’aboutisse pas. »
Puis d’ajouter: « S’il y avait une Cour constitutionnelle, on n’en serait pas là. » Ainsi, la décision relève d’un détournement de pouvoir, dixit l’intéressé.
Cependant, il relève qu’il est pour le régime présidentiel et non présidentialiste. Tout en soulignant la nécessité de mettre en place des garde-fous si on veut changer le régime.
Dans ce contexte, il estime que: « Le cas actuel devrait mettre en avant la culture du travail devenue secondaire. De plus, il faut arrêter de parler de souveraineté quand on demande un emprunt auprès du FMI. »
Cela dit, les avis des uns et des autres demeurent partagés quant à la mise en place de ce nouveau mode de scrutin. Sachant que ce nouveau système adopté et pratiqué dans de nombreuses démocraties peut réduire drastiquement la présence des femmes dans les instances politiques.