La devise japonaise s’est encore affaiblie face au dollar ces derniers jours, glissant au plus bas depuis 20 ans à 126,35 contre le billet vert. Il s’agit du taux de change le plus faible pour la monnaie japonaise depuis mai 2002.
Les récentes déclarations du gouverneur de la Banque du Japon (BoJ) Haruhiko Kuroda, qui ont clairement indiqué l’intention de la banque centrale de maintenir le taux de change, ont accéléré la dépréciation du yen. La ligne de la Banque contraste fortement avec celle de la Réserve fédérale américaine (Fed), qui a plutôt annoncé une réduction progressive des politiques expansionnistes afin de contenir l’inflation, notent les économistes.
Le yen japonais a souffert de la guerre en Ukraine plus que toute autre monnaie, à l’exception du rouble russe. C’est ce qui ressort du Nikkei Currency Index, un indicateur de la force des devises, qui a vu le rouble chuter de 11,7% entre fin décembre et fin mars: la pire tendance parmi les 25 devises soumises à surveillance. Le yen a atteint son plus bas niveau en sept ans face au dollar en mars et a chuté de 6,9% face à la devise américaine rien qu’en mars. Un chiffre – souligne « Nikkei » – encore pire que celui de la livre turque qui, malgré sa volatilité, a perdu 3,3% face au dollar sur la même période.
Interrogé en marge d’une rencontre avec le Premier ministre japonais Fumio Kishida, le gouverneur de la Banque du Japon, Haruhiko Kuroda, a récemment démenti qu’une intervention de la banque centrale sur le marché obligataire, avec la promesse d’un achat illimité d’obligations souveraines japonaises à 10 ans, ait pu avoir un « impact significatif et direct » sur le taux de change du yen, qui s’est fortement déprécié ces derniers jours face au dollar.
Une inflation record
Le Japon a enregistré une inflation (prix de gros) de 7,3% par an. Et ce, au cours de l’exercice 2021, qui s’est terminé en mars. Cela a été annoncé le 13 avril par la Banque. Ce chiffre est le plus élevé depuis le début de la série historique actuelle, en 1981. Il reflète, ainsi, les effets conjugués de la forte hausse des prix de l’énergie et des matières premières et de la dévaluation du yen. La dépréciation de la monnaie locale, en particulier, a provoqué une augmentation des prix à l’importation de 32,7% par an, tandis que l’augmentation des prix à l’exportation était de 12,3%. Rien qu’en mars, les prix de gros au Japon ont augmenté de 9,5%, en hausse pour le 13ème mois consécutif.
Aussi, la confiance des consommateurs japonais a baissé pour le troisième mois consécutif en mars. C’est ce qu’a annoncé le gouvernement de ce pays, qui dans son enquête mensuelle sur l’indice de confiance des ménages a constaté une baisse de 35,2 à 32,8 points, malgré la levée de la quasi-urgence de la pandémie. Le gouvernement japonais a aggravé son évaluation de l’évolution de la confiance des consommateurs, constatant des « signes de faiblesse » dans la tendance du dernier trimestre.