La guerre russe s’est intensifiée en Ukraine. Les risques liés à la dette souveraine en Afrique subsaharienne accroissent la nécessité de meilleures mesures d’aide. Et ce, pour éviter une « grande vague » de crises parmi les pays en développement de la région. C’est ce que déclare la Banque mondiale.
La Banque mondiale, basée à Washington, note dans le numéro d’avril de son Africa Pulse que la proportion des pays de la région exposés au risque d’endettement est importante. Elle a en effet augmenté à 60,5% contre 52,6% en octobre.
Les inquiétudes concernant la viabilité de la dette se reflètent dans l’élargissement des marges souveraines dans de nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Et ce, en raison des taux d’intérêt élevés dans les économies avancées et de la guerre en Ukraine, selon le rapport.
Albert Zovak, économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, déclarait dans une interview que même si être exposé à un risque élevé de surendettement « n’est pas une condamnation à mort »; la communauté internationale doit continuer à travailler pour trouver des solutions claires pour les pays dans le besoin.
« Nous devons nous assurer que le financement concessionnel est disponible pour les pays africains », a ajouté M. Zovak.
« En fin de compte, la question n’est pas de savoir si les pays émettent ou non de la dette, tous les pays le font. Mais la question est: comment les pays africains lèvent-ils des financements à faible coût de manière durable, pour développer les infrastructures et financer leur relance économique ? », s’est-il interrogé.
Dette élevée
La Banque mondiale a déclaré que les niveaux d’endettement sur le continent avaient augmenté avant même la guerre. Et ce, en raison des programmes d’austérité auto-imposés et des mesures de secours insuffisantes de Covid-19. Lesquels visaient à donner à certains des pays les plus pauvres du monde un espace budgétaire pour répondre aux besoins de santé, stimuler les économies et aider à réduire la dette ou à réduire les charges financières.
L’initiative du G-20: suspendre le service de la dette
De ce fait, M. Zovak déclare que les pays africains devraient réfléchir à deux fois avant de contracter de nouveaux prêts; étant donné la lenteur du processus.
En outre, M. Zovak poursuit: « Les pays africains devraient s’abstenir d’obtenir des dettes non concessionnelles. A moins qu’il y ait une possibilité évidente que le retour sur investissement de l’argent de la dette dépasse le taux d’intérêt. »
De ce fait, jusqu’à présent, seuls trois pays africains- le Tchad, l’Éthiopie et la Zambie- ont présenté des demandes de rééchelonnement de leurs dettes, dans le cadre commun. A un moment où d’autres pays craignent de considérer la participation au programme comme un indice de défaut. Ce qui peut avoir un impact dans les actions de notation de crédit.
Le taux de croissance économique en Afrique subsaharienne à 3,6%
Par ailleurs, la Banque mondiale a déclaré que le niveau élevé de la dette et le fardeau croissant qu’elle impose font partie des facteurs qui ralentissent le taux de croissance économique en Afrique subsaharienne à 3,6% cette année. Et ce, contre des estimations de croissance d’environ 4% en 2021.
La coïncidence du lourd fardeau de la dette avec le resserrement de la politique monétaire, en ligne avec les économies avancées, accroît la capacité limitée des pays à soutenir les familles confrontées à des crises du coût de la vie. Et le taux d’inflation dans la région devrait atteindre 6,2% en moyenne en 2022; contre 4,5% il y a un an. De plus, la hausse des prix du carburant et des denrées alimentaires, en raison des pressions sur les prix induites par la guerre, pourrait accroître la probabilité d’une guerre civile, conclut la Banque mondiale.