Emmanuel Macron a remporté hier, dimanche 24 avril, un second mandat à la présidence de la France. Il a donc battu Marine Le Pen, sa rivale d’extrême droite. Après une campagne où sa promesse de stabilité l’a emportée sur la forte tentation d’un virage extrémiste. Toutefois, la victoire du président-candidat avec 58,54% des voix contre 41,46% pour Marine Le Pen, a été beaucoup plus faible qu’en 2017. Lorsque la marge était de 66,1% contre 33,9% pour Mme Le Pen. Des chiffres qui montrent les progrès constants que fait d’une élection à l’autre l’extrême droite.
Il a fallu attendre vingt ans pour voir les Français réélire un président en exercice, en la personne d’Emmanuel Macron. Le dernier, qui a eu cette chance, était Jacques Chirac en 2002. A l’époque, l’extrême droite n’était pas aussi forte; mais elle était tout de même présente au 2e tour. Le président Chirac fut alors massivement réélu avec 82,21% des voix; contre 17,79% pour son rival du Front National, Jean-Marie Le Pen.
A voir les progrès accomplis par l’extrême droite qui atteint aujourd’hui près de 42% des voix, les Français d’origine maghrébine et la population immigrée ont de quoi s’inquiéter; même s’ils sont soulagés pour les cinq prochaines années.
L’inquiétude d’une prise du pouvoir par l’extrême droite en France s’est étendue pour atteindre la classe politique européenne. Cette inquiétude était telle que, chose inédite, trois chefs de gouvernement européens se sont immiscé clairement et directement dans la campagne électorale française.
En effet, l’Espagnol Pedro Sanchez, le Portugais Antonio Costa et l’Allemand Olaf Scholz ont signé une tribune dans Le Monde du vendredi 22 avril. Et ce, pour appeler les Français à ne pas voter pour Marine Le Pen. Ils ont écrit notamment: « Le choix auquel le peuple français est confronté est crucial pour la France et pour chacun d’entre nous en Europe. C’est le choix entre un candidat démocrate, qui croit que la France est plus forte dans une Union européenne (UE) puissante et autonome. Et une candidate d’extrême droite, qui se range ouvertement du côté de ceux qui attaquent notre liberté et notre démocratie – des valeurs fondamentales qui nous viennent directement des Lumières françaises ».
L’effet du spectre du « Frexit »
La campagne du 2e tour menée par Emmanuel Macon et Marine Le Pen était centrée sur deux thèmes principaux: L’Europe et la guerre d’Ukraine. Sur ces deux questions, les deux candidats étaient aux antipodes. Le président candidat agitait le spectre du « Frexit ». Manœuvre par laquelle il soulignait les positions anti-européennes de la candidate de l’extrême droite.
Oubliant ses positions passées contre l’OTAN qu’il considérait « en état de mort cérébrale », Macron n’était nullement embarrassé en défendant des convictions atlantistes. Et en s’alignant avec beaucoup de zèle sur les positions antirusses de Washington. Une stratégie payante puisqu’elle lui a permis de souligner l’ « hostilité » de Marine Le Pen à l’OTAN et sa « sympathie » pour le président russe Vladimir Poutine.
Le New York Times, reflétant la satisfaction des Etats-Unis des résultats de l’élection présidentielle française, a salué à sa manière la victoire de Macron.
« La victoire de M. Macron sur Mme Le Pen sympathisante de longue date du président russe Vladimir Poutine et chef d’un parti hostile à l’OTAN, vient comme un soulagement pour les États-Unis et les alliés européens de la France. A un moment où il y a une guerre qui fait rage en Ukraine », écrit le quotidien new yorkais.
Dès l’annonce des résultats, les réactions en Europe se sont succédé, exprimant toute le soulagement. « Ensemble, nous ferons avancer la France et l’Europe », a écrit sur Twitter Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, bras exécutif de l’UE. Charles Michel, le président du Conseil européen, a écrit sur Twitter aussi: « Nous pouvons compter sur la France pendant encore cinq ans. » Tandis que le chancelier allemand Olaf Scholz a déclaré que la réélection de M. Macron était un « vote de confiance en l’Europe.
Le fort taux d’abstention (28% de l’électorat ont préféré aller à la pêche) a fait dire au chef de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon Jean-Luc Mélenchon: « Il (Macron) flotte dans une mer d’abstention et de bulletins blancs ou nuls ». Il garde l’espoir et nourrit le rêve d’une nouvelle cohabitation. Où il serait Premier ministre, si son parti obtenait la majorité aux élections législatives prévues en juin prochain.
Mélenchon espère devenir Premier ministre. Et ce, si son parti obtient une forte majorité aux élections législatives, qui se tiendront en juin. « Le troisième tour commence ce soir », a-t-il déclaré.
Ainsi, l’hypothèse d’une nouvelle cohabitation, comme celle qu’ont expérimentée Mitterrand et Chirac à la fin du siècle dernier, n’est pas à exclure. En effet, si E. Macron a été réélu, il est loin d’être assuré d’une majorité parlementaire en juin prochain. Car, durant son premier mandat, il n’a pas réussi à limiter les divisions politiques et les inégalités sociales. Les salaires stagnent, les prix augmentent, les revendications s’intensifient et la colère couve.
Autant de thèmes que ne manqueront donc pas d’être exploités par les différentes oppositions à Macron. Ce dernier risquant de voir son deuxième mandat fortement troublé par une éventuelle cohabitation.