Dans un post publié hier lundi sur sa page FB, Nadia Akacha, l’ex-directrice du cabinet du chef de l’Etat est sortie de son silence. Et ce, pour tirer à boulets rouges sur les personnes « dénuées d’honneur, de morale et de patriotisme ». De qui s’agit-il? Probablement de l’entourage immédiat du président de la République.
Jouons aux devinettes: quel sont les points communs entre Nadia Akacha, l’ex-directrice du cabinet du chef de l’Etat qui avait quitté avec fracas, et sans explication aucune, son poste de directrice du cabinet du chef de l’Etat, et son ancien patron au palais de Carthage, Kaïs Saïed?
Certainement le goût du secret et l’art consommé d’avancer masqué pour mieux brouiller les pistes. Celle que l’on surnommait le Dame de fer, qui avait le rang et les privilèges d’un ministre, n’était-elle pas la conseillère la plus proche du Président? Sa « boîte noire » et la dépositaire de ses secrets les plus intimes? Alors pourquoi, s’interrogent les observateurs de la scène politique, a-t-elle choisi ce moment précis pour sortir de son devoir de réserve, après trois mois de mutisme ?
Nadia Akacha : le 25 juillet, un instant au goût d’inachevé
En effet, dans un post publié hier lundi sur sa page officielle, l’ancienne Cheffe de cabinet présidentiel Nadia Akacha a indiqué que « le 25 juillet 2021 est un instant décisif de l’histoire de la Tunisie qui avait pour but de rompre avec la pourriture politique et la corruption ayant porté atteinte aux institutions de l’Etat et mettant en péril les droits des citoyens et même leurs vies ».
Et de poursuivre: « Le 25 juillet représente une décision historique et un processus national qui aurait dû se baser sur une approche claire, démocratique et inclusive; ainsi que sur des fondements solides pour construire un Etat de droit censé respecter les droits et les libertés ».
« Mais, cet instant historique et ce processus ont été, hélas, récupérés par des personnes dénuées d’honneur, de morale et de patriotisme. Des ratés qui pataugent dans la vulgarité, le mensonge et la diffamation ».
Mais qui sont-ils ?
Des mots très durs pour qualifier ces hommes de l’ombre. Mais, de qui parle-t-elle? Pourquoi ne pas révéler l’identité de ces individus « sans foi ni loi » et de quelle bande de « professionnels de la désintoxication » s’agit-il au juste? A ce jeu de devinettes, on n’en saura pas plus.
Faut-il s’attendre à d’autres révélations plus croustillantes sur ce qui se tramait au palais de Carthage où Mme Akacha trônait en maîtresse incontestée et incontestable de la maison?
Le loup est dans la bergerie
Or, il semble évident pour les observateurs politiques avertis que les « personnes dénuées d’honneur, de morale et de patriotisme » ne sont pas forcement les traditionnels opposants au coup de force du 25 juillet; ni même les adversaires du président de la République. Mais qu’elle figurent dans son entourage immédiat et évoluent au sein même du cercle présidentiel au sacro-saint palais de Carthage. Alors, de qui s’agit-il?
De Taoufik Charfeddine, le ministre de l’Intérieur et ancien coordonnateur de la campagne de Kaïs Saïed à Sousse? Que Nadia Akacha aurait manœuvré pour l’écarter du poste convoité de chef du gouvernement au profit de Hichem Mechichi. Et lequel, murmure-t-on à Carthage, aurait fini par avoir sa tête?
Du fidèle parmi les fidèles, « frère, ami et compagnon de route » de celui qui accèdera plus tard à Carthage, le mystérieux Ridha Lénine. Son mentor politique et théoricien de la démocratie directe, prônant la mise en place d’un État social et décentralisé?
Où du frère unique du Président, Naoufel Saïed, omniprésent au palais de Carthage. Et qu’on soupçonne, selon les révélations de notre confrère parisien Jeune Afrique, d’avoir occupé dans le passé le poste de vice-président de la Ligue de Tunisie pour la culture et la pluralité (LTCP). Laquelle aurait été formée sous l’ère de la Troïka. Plus précisément le 11 mai 2013 par Hmida Ennaifer, un islamiste notoire depuis les années 1970. Et représentant l’aile intellectuelle dite modérée au sein de la mouvance islamiste?
D’ailleurs, le dirigeant nahdhaoui Mohamed Goumani, n’avait-il pas évoqué le nom du frère du président de la République le 13 septembre 2021 sur les ondes de Shems FM. En soulignant « son amitié avec Naoufel Saïed ainsi que leur appartenance au mouvement islamo-gauchiste »?
En fin de compte, s’agit-il pour Nadia Akacha de régler ses comptes avec ceux qui lui avaient « pourri la vie à Carthage »? C’est très probable. Sachant que dans ses interventions, très rares, elle a tenu à épargner son ancien patron. Jusqu’à quand?